Tribune franco-allemande des Parcs, Jardins et Monuments Historiques – Deutsch-Französisches Park-, Garten- und DenkmalMagazin

Sept questions à Pierre de Lagarde
Un pionnier parmi les journalistes défenseurs du patrimoine au XXè siècle

slide98b0921036a946b4b14c5a438005de0b20En France, mars est le mois d’anniversaire d’un grand jardinier, Le Nôtre, mais aussi d’un grand journaliste, Pierre de Lagarde, premier défenseur du patrimoine. Né le 25 mars 1932, dans une famille ancrée depuis longue date en Ardèche, il a étudié, après une scolarité marquée par l’enseignement religieux, le droit, les lettres et la philosophie à la Sorbonne. En 1957, il devient journaliste radio à l’ORTF et, peu de temps après, informateur religieux durant le Concile Vatican 2. Suite à un cas de vandalisme dans une église signalée par un auditeur, il se lance en 1962 dans la défense des monuments menacés. Une première émission radio devient rapidement une émission télé : « Chefs d’œuvre en péril ». N’épargnant, selon lui, ni « élus indolents, ni les ecclésiastiques complaisants, encore moins les démolisseurs ignorants ou les promoteurs avides », cette émission reste à l’antenne près de trente ans. Elle reste aussi une référence pour tout journaliste du patrimoine. En 1964 un concours soutient son action. Et comme beaucoup de journalistes, Pierre de Lagarde, infatigable, se sert de sa plume pour accoucher de nombreux livres dont le dernier est le Dictionnaire Inattendu des grands témoins de l’Invisible (Salvator, 2009)

BdC : Quel souvenirvous a laissé votre première émission?
Pierre de Lagarde : Jeune journaliste de radio, je n’avais pas l’habitude de recevoir du courrier des auditeurs. Or, après une émission sur la vente de statues dans une église de Normandie, j’ai reçu une quarantaine de lettres me signalant des objets ou édifices anciens en péril. Cela m’a encouragé à creuser le sujet et à proposer d’autres émissions.

BdC : Combien de temps fallait-il pour l’ancrer et trouver son public?
Pierre de Lagarde : Deux ans d’émissions à la radio ont été nécessaires pour qu’un programme soit créé à la télévision.
Les audiences ont été en progression, sans atteindre celle des émissions de variété ou des feuilletons, mais un public fidèle s’est fédéré et l’émission a pu durer trente ans (avec quelques interruptions).

BdC : Quel rôle, selon vous, un « journaliste du patrimoine » joue dans la sociéte?
Pierre de Lagarde : Un rôle culturel, bien sûr, mais aussi un rôle de « promoteur de la civilisation », car le patrimoine est intemporel : toute civilisation a besoin de connaître son passé pour s’épanouir dans le futur.

BdC : A-t-il vraiment de l’influence en France ?
Pierre de Lagarde : Oui, dans deux domaines. Empêcher d’abord la destruction de monuments, d’ensembles urbains ou de sites menacés en alertant le public et parfois en dénonçant les auteurs des projets néfastes.  Ensuite, mobiliser les bonnes volontés en mettant en valeur l’exemple de sauveteurs de monuments, individus ou groupes agissant le plus souvent sans gros moyens. L’émission « Chefs d’œuvre en péril » a permis le développement de nombreuses associations de jeunes bénévoles comme « Le vieux manoir » qui a sauvé notamment la forteresse de Guise dans l’Aisne, le château de Ventadour, dans l’Ardèche, ou le groupe de l’abbaye de la Lucerne dans la Manche.
Une Année du patrimoine a été créée en France en 1980  et mon travail n’y a pas été étranger. Le président de la République est venu sur le plateau de mon émission féliciter des sauveteurs de monuments, lauréats du concours que j’avais lancé quelques années plus tôt.

BdC : Pour avoir du poids et de l’influence que faut-il faire?
Pierre de Lagarde : 
La télévision est le vecteur d’informations le plus efficace : il faut avoir un concept fort, des images parlantes et ne pas avoir peur de sortir des sentiers battus, en prenant des risques quand c’est nécessaire. Mon émission a été plusieurs fois suspendue à la demande de personnalités mises en cause… La qualité technique est importante. Aujourd’hui, un programme comme « Des racines et des ailes » a repris la mise en valeur du patrimoine avec des moyens importants qui lui valent une grande popularité.

BdC : Un monument historique que vous aimez particulièrement et pourquoi?
Pierre de Lagarde :  Le petit château renaissance de Goutelas (Loire) perdu dans les monts du Forez, à cause de son sauvetage exemplaire par une association de passionnés qui réunissait des agriculteurs et artisans comme des intellectuels, des médecin ou avocat…

BdC : Et côté jardin?
Pierre de Lagarde : Ceux du château de Villandry (Indre et Loire) restaurés en 1954 par le propriétaire, M. Carvallo. Et si vous voulez parler de mon jardin secret : c’est l’histoire religieuse, l’écriture d’essais sur la spiritualité et la culture.

 

Pierre de Lagarde – Journalist und Vorreiter für den Denkmalschutz

 

März ist nicht nur der Geburtsmonat des grossen französischen Hofgärtners André Le Nôtre, sondern auch jener von Pierre de Lagarde, Vorreiter in Sachen « Journalismus für den Denkmalschutz ». Aufgewachsen in einer alteingessesenen Familie im Ardèche, gründete der 1932 geborene Jurist, Literaturwissenschaftler und Philosoph mit 30 Jahren bei der ORTV die erste Radiosendung fûr den Denkmalschutz. Dies, nachdem ihn ein Zuhörer auf einen Vandalismus Akt in einer Kirche aufmerksam machte. Aus der Radiosendung wurde zwei Jahre später die berühmte Fernsehsendung « Meisterwerke in Gefahr ». Der unerschrockene Journalist liess weder an Bauspekulanten, noch Ignoranten, die alte Häuser dem Boden gleich machten, noch leutseligen Kirchenvertretern ein gutes Haar. Noch heute ist die TV-Sendung Vorbild für junge Journalisten, die sich für den Denkmalschutz engagieren. Auch wenn sie niemals Einschaltquoten wie Varietésendungen erreichte, hielt sich Lagardes Magazin über 30 Jahre lang. An seine erste Radiosendung über Raub an Denkmalen erinnert er sich noch heute: es war das erste Mal, dass er zahlreiche Zuhörerpost bekam. Die rund vierzig Briefe ermutigten ihn, auf diesem Gebiet weiterzumachen. Denkmaljournalisten sind für ihn „Verkäufer von Zivilisation“ und spielen eine große kulturelle Rolle. Nur aus Kenntnis der Vergangenheit, kann sich die Zivilisation der Zukunft entfalten. Besonders das Fernsehen kann mit einem guten Konzept, ungewöhnlichen, kritischen Ansätzen und sprechenden, starken Bildern großen Einfluss haben, wie derzeit die hochwertig gestaltete und damit beliebte Denkmal-Nachfolgesendung „Von Wurzeln und Flügeln“. Persönlicher Denkmalliebling ist das Renaissance Schlosss Goutelas (Loire), da sich hier eine engagierte Lobby aus Landwirten, Handwerkern, Intellektuellen, Ärzten und Anwältern gemeinsam für dessen Erhalt stark machte. Sein Lieblingsgarten sind die Gärten von Schloss Villandry, die bereits 1954 vom Spanier M. Carvalho, als eine der esten Gärten instand gesetzt wurden. Zu seinen „geheimen Gärten“, zählen die Geschichte der Religionen, das Essayschreiben über Spiritualität und die Kultur. Neun Bücher schrieb Pierre de Lagarde, so „einfach nebenbei“. Das Jüngste mit 77 Jahren: Dictionnaire Inattendu des grands témoins de l’Invisible (Salvator, 2009).  (Réd.)