Les monuments classés en Guyane française: les souvenirs architecturaux de la métropole entre sauvegarde et ruine
Les anciennes colonies françaises hébergent de nombreux bâtiments historiques, témoins des préférences architecturales de l’Hexagone dont elles dépendaient. De nos jours ces départements et régions d’outre mer largement déficitaires sont pour une grande partie subventionnés par l’Union européenne. Sauvegarder le patrimoine d’outre-mer n’est pas la première préoccupation de la France.
A huit heures de vol de Paris, à peine, dans la pointe nord-ouest de l’Amérique du sud, se trouve la belle Guyane française. Une région que les Français évitent toujours comme région touristique bien que sa flore et faune sont d’une richesse comparable à celle du Costa Rica, si convoitée. Mais les Français ont la mémoire longue. Leurs jugements sur cette région se réfèrent au 19ème siècle. Sous Napoléon III, la Guyane lointaine, jugée peu accueillante, était le pays idéal pour y envoyer les forçats. L’empereur y fit construire de nombreux bagnes sachant que l’immensité de l’Amazonie, les maladies inconnues, la dangerosité de la faune et le violent débit du fleuve « Maronie » formaient des obstacles naturels quasi insurmontables pour tout prisonnier cherchant à s’enfuir. Aussi, dès 1851, les « bannis » construisaient-ils sur ordre impérial les premiers bagnes pour d’autres, futurs forçats.
Derrière de hautes murailles en pierre et un gigantesque portail en bois, des « blockhaus » comme à Saint-Laurent-de-Maroni, hébergeaient dans des cellules entre huit à douze forçats. Ils couchaient sur un matelas à même du sol ou dans des lits en fer, sans toilettes ni endroit pour se laver. Une guillotine datant de l’époque, comme, d’ailleurs, l’ensemble du bagne, est le témoin funeste de décapitations décidées au bon gré des surveillants. Les prisonniers devaient se rassembler dans la cour pour assister au « spectacle » à la guillotine. La vie au bagne ressemblait en de nombreux points à celle menée dans d’autres camps de concentration à travers le temps et le monde. Mais loin d’en faire un exemple de « souvenir » avertissant (Mahnmal), la France s’en sert dans un but touristique. Les entrées financent (à peine) les guides et contribuent à la sauvegarde des bâtiments. Comme au bagne de transportation à Saint-Laurent-de Maroni ou sur l’Ile du Diable.
Le dernier bagne guyanais, celui d’Annamites à Montisinéry-Tonnégrande, fut construit en 1930 pour les prisonniers d’Indochine. Leur activité ne s’arrêta définitivement qu’en 1953. Aujourd’hui, de nombreux bâtiments appartenant à ces bagnes, comme au bagne de transportation à Saint Laurent-de-Maroni la chapelle, la cuisine, certains détails dont le portail d’entrée, et la totalité du quartier de réclusion (« blockhaus », cours…) sont inscrits (ISMH) ou classé comme monument historique. Comme d’ailleurs une partie des bâtiments qui les entourent extra-muros. A Saint-Laurent-de-Maroni, une véritable ville s’est construite parallèlement au bagne. L’architecture des maisons des « notables », comme celle de la sous-préfecture, est restée fidèle à ce qui se pratiquait à Paris : même goût pour la brique et la pierre, beaux portails en fer forgé ciselé, belles pelouses et fontaines. Sauf que le tout se trouve parfois enfermé derrière de fils barbelés. Plus la maison était importante, plus l’avenue qui y menait ressemblait – et ressemble – à un boulevard. C’est ainsi que le bâtiment en brique de la « Banque » joue encore aujourd’hui d’une belle visibilité sur son balcon, sa balustrade et son fronton. Un escalier en pierre mène vers la porte d’entrée.
D’autres exemples se trouvent dans la capitale. Cayenne fut construite au 17ème siècle comme une ville fortifiée « normande » par des esclaves. On y trouvait des bâtisses comme à Rouen. Après la révolution française, le style Directoire fût adopté ça et là. On s’empressait d’enlever les fortifications étroites. Un travail aussi dur et ingrat que lors de son érection. Les statues de la ville montrent des notoriétés locales, mais aussi l’emblème de la France, la Marianne. Il n’est pas anodin de savoir que le Grand Tour des Compagnons-de-France passe de nos jours par la Guyane.
Aujourd’hui 53 immeubles sont inscrits au titre de monuments historiques en Guyane selon les informations de la préfecture de Cayenne, direction des affaires culturelles, recensement des monuments historiques. Deux furent entre temps rasés sans permission. 26 autres sont classés.
Pour sauvegarder son patrimoine régional tel les maisons créoles en bois et en couleurs de même que les bijoux architecturaux façon métropole, la Guyane se tourne vers les subventions européennes. Ainsi pour la restauration de l’ancien hôpital Jean Martial une belle subvention de 50 mill. € a été demandée sous l’ancien ministre de la culture, Frédéric Mitterrand.
D’ailleurs, les listes de l’inventaire du patrimoine guyanais sont facilement accessibles à la lecture. Ils sont dressés depuis 1999 sans n’avoir jamais été terminés. Qui sais, si un jour, le carnaval de la Guyane française ne sera pas inscrit sur la liste des « biens culturels immatériels » de l’Unesco ? Entre temps, l’architecture déjà classée vaut bien un voyage.
Dr. Bettina de Cosnac, Journalistin, Buchautorin, Chefred. Monumentum Nostrum
Französische Denkmale in Französisch Guayana – zwischen Nutzung und Verfall
In Frankreichs ehemaligen Kolonien finden sich zahlreiche Zeugen vergangener architektonischer Vorlieben des Mutterlandes. Die heute für Frankreich kostspieligen, defizitären Überseegebiete werden mit satten Zuschüssen aus dem EU-Topf unterhalten. Um die Erhaltung historischer Baudenkmale kümmert sich Frankreich am Rande.
Nur acht Flugstunden von Paris entfernt, weist das Überseegebiet Französisch Guayana besonders interessante Beispiele historischer französischer Baukultur auf. Das Gebiet im Nordzipfel Südamerikas ist so groß wie Österreich. Touristisch ist es im Aufbau begriffen. Obwohl mit seiner Flora und Fauna fast so attraktiv wie Costa Rica wird Guyana von den Franzosen als Reiseziel gemieden. Denn noch immer wird es mit der wenig glorreichen Verbannungspolitik unter Napoléon III. assoziiert. Der schlechte Ruf von damals hat sich, zu Unrecht, bis heute zäh im Mutterland bewahrt. Das gegenüber von Suriname gelegene Land galt als unwirtlich, von undurchdringlichem tropischen Regenwald durchzogen und von gefährlichem Ungeziefer und tödlichen Krankheiten verseucht.
Es war also der richtige Ort in den Augen Napoléons III., um Straftäter zu verbannen. In den 1851 von Zuchthäuslern für Zuchthäusler errichteten Lagern, hausten die Verbannten zu zehnt oder mehr in nackten Steinzellen eines sogenannten „Blockhauses“, schliefen auf Matten oder in Eisenetagenbetten, von grobschlächtigen Wärtern streng bewacht. Willkürliche Hinrichtungen vor den Augen aller Verbannten mit einer – bis heute im Innenhof bewahrten – Guillotine waren an der Tagesordnung. Das menschenunwürdige Leben in einem so genannten „Bagne“ ähnelte dem eines Konzentrationslagers. Die Überlebenschancen waren gleich Null. An Flucht war nicht zu denken. Das jüngste „Bagne“ Guyanas, Annamites in Montisinéry-Tonnégrande, wurde 1930 errichtet, um die Gefangenen Indochinas hier einzupferchen.
Heute stehen diese bis 1953 betriebenen Gefangenenlager unter Denkmalschutz. In einem Land, das seine wunderbare Natur erst noch in weiten Teilen erschließt und ansonsten das europäische Raketenabschusszentrum Korou vermarktet, zählen sie als „Touristenattraktion“ – und nicht wie andere Lager auf der Welt – als Mahnmal. Man bemüht sich, sie nicht verfallen zu lassen. Imposant sind sie, wie etwa jene auf den „Iles du Salut“, zu denen die „Ile Royale“ und „Ile du Diable“ gehören, und deren Leben im Roman „Papillon“ verewigt wurde.
Die Architektur des Lagers in Saint-Laurent-de Maroni gleicht mit seinen meterhohen Steinmauern, mehreren Schutzmauern, abgesonderten Innenhöfen, Einzelzellen für Schwerstverbrecher, den dicken schweren Pforten und eingebauten Fallen anderen Hochsicherheitstrakten auf der Welt, nur dass sie ohne jede moderne Technik und auf dem Stand damaliger Hygiene waren.
Touristenführer schildern eindringlich das Zuchthausleben in den „Blockhäusern“ von damals. Unweit vom Lager, direkt am braunen Fluss Maroni, entstand parallel eine Stadt, um das Zuchthaus und die ankommenden Sträflinge „zu verwalten“. Im Stadtbild von Saint-Laurent-de Maroni spiegelt sich Frankreichs Architektur des 19. Jahrhundert wieder. Breite Strassen führen zum grandiosen Haus der Unterpräfektur und der Residenz des Unterpräfekten, die sich hinter einer Mauer mit Stacheldraht schützten. Es plätschern Springbrunnen wie jene, die man in Frankreichs Gärten des 18. Jahrhunderts findet. Nur dass sie hier, in Südamerika, exotisch wirken. Das Bankgebäude aus rotem Ziegelstein mit breitem Steinbalkon und Balustrade illustriert aufs Beste den mutterländischen Architektur-Einfluss. Einheimisches Holz und regionaltypische Markisen fehlen. 1920 ergänzte der Marine-Gerichtshof das Stadtbild in ebenfalls typischer, eher klassizistischer Steinarchitektur der Metropole Paris. Es fehlen weder die monumentale Treppe, noch der beliebte dreieckige Aufsatz über dem Eingang, der „Fronton“, nebst Säulen und elegant ziseliertem schmiedeeisernen Eingangstor.
Auch in Cayenne finden sich „französische“ Metropolen-Denkmäler: Ende des 17. Jahrhunderts wurden Sklaven gezwungen, die Stadt als normannische Festungsstadt anzulegen, mit Bauten wie in Rouen. Nach der französischen Revolution, folgte man dem hauptstädtischen Directoire-Stil und befreite sich von den engen Festungswällen so mühselig wie man sie errichtet hatte.
Steinerne Statuen zeigen nicht nur örtliche Berühmtheiten sondern auch, seit 1889, zur Erinnerung an die französische Revolution im Mutterland, die Büste der Marianne. Übrigens machten die Handwerker, die Compagnons-de France, auf ihrer „Grand Tour“ auch in Guayana halt.
Laut Auskunft der Präfektur in Cayenne, bzw. jener Abteilung, die dem französischen Kulturministeriums unterstellt ist, stehen 53 Bauwerke als ISMH auf der Denkmalinventarliste. Sie genießen Teilschutz. Zwei davon wurden inzwischen ohne Genehmigung wieder abgerissen. 26 Bauwerke gelten als „classé monument historique“, CLMH. Sie sind vollständig denkmalgeschützt.
Um nicht nur die bunten, kreolischen Häuser zu erhalten, sondern auch die „historische“ Metropolenarchitektur Guayanas werden Förderhilfen sowohl beim französischen Kultsministerium als auch in Brüssel von den zuständigen Behörden eingeholt. Allein für das Dach des früheren Krankenhauses Jean Martial wurde unter Kulturminister Frédéric Mitterrand ein Zuschuss von 50 Millionen € beantragt. Die Inventarlisten der denkmalgeschützten Bauten in Guayana sind erfreulicher Weise leicht einzusehen. Erstellt werden sie seit 1999. Abgeschlossen sind sie allerdings noch nicht. Aber eine Reise zu den aufgeführten Denkmälern lohnt sich. Vielleicht wird sogar eines Tages der Karneval Guayanas als „immaterielles Kulturgut“ anerkannt. Guayana wird übrigens als französisches Übersee-Département und Region mit der Nummer „973“ geführt. (MoNo)
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