Domaine de Neuvic d’Ussel et son parc paysagé recréé et repensé par des femmes
Primé trois fois, labellisé « Jardin Remarquable » et « Arbre Remarquable de France » en 2008, le parc agricole et paysager de Neuvic en Corrèze, conçu par le comte d’Ussel traverse près de deux cents ans d’histoire grâce à ceux, souvent des femmes, qui l’ont entretenu et restauré. De Marguerite d’Ussel, fille de Jean Darcel, concepteur des parcs parisiens aux côtés d’Alphand, à Yvonne d’Ussel, jusqu’à Béatrix d’Ussel. Cette lignée de femmes a préservé et amplifié le travail novateur de cet aristocrate du XIXème siècle.
Concepteur éclairé de son époque, Jean-Hyacinthe d’Ussel, dès la fin de la construction de sa demeure, a
créé ce parc paysager remarquable, contemporain des premiers parcs conçus par Choulot, également parc agricole en lien direct avec la ferme-école voisine qu’il fonde dès 1849.Ceinturé au Nord, Ouest et Sud par le réseau routier le parc s’ouvre à l’Est sur un grand paysage. Son art a consisté à conjuguer en un même espace : des vues depuis le château, des vues sur les pâtures, les travaux des champs, le passage des bêtes ainsi que des vues dans son parc avec l’établissement de fabriques. Le boat-house au bord de l’étang et sans doute une volière proche de la maison transformée par la suite en poulailler disparu aujourd’hui. C’est au cours de la promenade que se dévoileront aussi des vues panoramiques, lointaines, comme des surprises, des effets très recherchés dans les parcs paysagers. En descendant vers l’étang, le promeneur se retrouve sur la promenade de la digue en balcon sur le grand paysage.
Mais à la fin du XXème siècle, les aléas de la vie en ont fait un parc vieillissant,arrivé à un point charnière de son histoire :certaines allées sont effacées, les arbustes ont été broutés par les animaux. Les dégâts des tempêtes sont considérables et la ville a masqué les vues extérieures, de telle sorte qu’il fallait mettre l’émerveillement du dehors à l’intérieur du parc.De nombreux arbres remarquables subsistent cependant et la composition du parc est encore bien lisible permettant d’envisager une restauration soignée.Avec élan Béatrix d’Ussel, gestionnaire du domaine après la mort de son mari s’y attelle dès2007. Très vite, le parc obtient le label « Jardin Remarquable » et s’ouvre aux visites. Béatrix et son jardinier essaient de retrouver cet esprit de curiosité et le goût de l’exotisme qui
firent planter au XIXèmesiècle des végétaux rares ou récemment acclimatés, en augmentant la diversité végétale. Elle-même replante 250 espèces en 10 ans, en y introduisant l’Asie comme thème. Ainsi elle lui trouve une nouvelle vocation d’arboretum. Les allées originelles rouvertes, le colimaçon restitué, les perspectives principales retrouvées et les nombreuses vues internes croisées retravaillées, tout ce qui était connu de la familleest réparé, reconstruit, réaménagé.
La nouveauté sera aussi la création d’un jardin de curé co-dessiné par Béatrix d’Ussel et un jardinier-paysagiste Laurent Berthelier: ceci dans un espace de 350 m2, clos de murs, au chevet de la chapelle Saint Guillaume et inspiré par le thème « jardin nourricier » donné en 2011 pour les « Rendez-vous au jardin ». Parmi des carrés de légumes, de vieux accessoires et outils de jardin, un chou assez rare, le chou de Magnat, d’origine russe au XVIIIème, y est cultivé. Il était temps de faire reconnaître ce domaine, château et parc, témoin du XIXème, dans le patrimoine historique de la région afin d’en assurer la pérennité. Après une première tentative infructueuse de demande d’inscription au titre des Monuments Historiques en 2015, demande faite par les propriétaires, B. d’Ussel se tourne vers des professionnels, le Cabinet Paysa 3, qui souligne de nouvelles découvertes du travail de Jean-Hyacinthe et de l’influence de Jean Darcel. Un lobbying toujours nécessaire, étant donné que la région change de taille et de nom, devenant la Nouvelle-Aquitaine : l’inscription est accordée en 2018 pour tout le domaine. Pour le bonheur des propriétaires, pouvant défiscaliser les coûts importants d’entretien et pour le bonheur des visiteurs pouvant s’y rendre souvent.
Béatrix d’Ussel, gestionnaire du domaine de Neuvic, Corrèze
Schlosspark Neuvic d’Ussel– ein Landschaftspark (um)gestaltet von weiblicher Hand
Drei Auszeichnungen, das Label « Jardin Remarquable » und « Arbre Remarquable de
France » in 2008, so überlebt der vor 200 Jahren vom Grafen d’Ussel kreierte Land(wirt)schaftspark vor allem dank der Frauen, die ihn hegten und pflegten. Von Marguerite d’Ussel, Tochter des berühmten Pariser Gartenentwerfers Jean Darcel, bis zu Béatrix d’Ussel. Sie alle halfen die modernen Gartentheorien der Aristokratie im 19. Jh. Weiter zu entwickeln. Der fortschrittliche Jean-Hyacinthe d’Ussel legte seinen Park 1849 an mit der Besonderheit, dass vom Schloss aus sämtliche verschiedenen Nutzungsbereiche des Parks sichtbar waren: Jene der Vergnügungen, der Feldwirtschaft, der Viehweiden und der sogenannten „Fabriken“, exotische Zierelemente wie eine heute verschwundene Voilière. Auch das Bootshaus lag in Sichtachse, so dass schon vor 200 Jahren ein wahrhaft visuell-virtueller Spaziergang vom Schlossbalkon dem Besucher reichte.
Ende des 20. Jahrhundert befand sich der Park jedoch in desolatem Zustand. Seine Anlage drohte endgültig überwuchert zu werden und die Nähe der sich expandierenden Stadt hatte einen Teil der Sichtachsen mit Häusern verschlossen. Mit Elan nahm Béatrix d’Ussel nach dem Tod ihres Mannes 2007 Park und Garten in die Hand. Zusammen mit dem Garten- und Landschaftsplaner Laurent Berthelier versuchte sie ihm wieder jenen exotischen Charme einzuhauchen, der ihn im 19. Jh. durch die Pflanzung exotischer Gehölze charakterisierte. Sie setzte 250 Arten in 10 Jahren in die durchpflügte Erde und führte als neue Gartenthemen « Asien » und « Arboretum » ein. Ebenso zeichnete Béatrix d’Ussel auf 350 m2 einen kleinen Nutzgarten neben der Kapelle, der als „Küchengarten“ 2011 eingeweiht wurde. Die Besonderheit: eine russischer Kohlart, die ihre Ahnen schon im 18. Jh. importierten.
Ein erster Versuch, den Garten als Denkmal klassifizieren zu lassen, scheiterte. Erst durch die Fachberatung durch Cabinet Paysa 3 und eine intensive Lobby-Arbeit bei den Verantwortlichen der zwischenzeitlich gegründeten Region Nouvelle-Aquitaine, wird ihr Garten als regionales Denkmal und „Monument Historique“ anerkannt. Die Denkmalkennzeichnung ist stets ein geteiltes Vergnügen: Dem Besitzer bringt sie Steuervergünstigungen und dem Besucher die Garantie, auf einen gepflegten und monatelang geöffneten Garten zu stossen. (MoNo)