L‘ Opéra en fête en France: du Nord au Sud en passant du public au privé

L’opéra de Nice © B. de Cosnac
Qui veut s’y rendre, doit réserver tôt : l’opéra Garnier à Paris fascine le monde de l’art du chant depuis 150 ans. Construit à partir de 1861 sur l’ordre de Napoléon III qui avait échappé à un attentat dans un autre opéra, Le Peletier, Charles Garnier, jeune architecte peu expérimenté gagna le projet sur concours soutenu par nombre d’amis et le couple princier Walewski. Il fût ouvert, sous le feu d’une farouche critique le 5 janvier 1875 et ne resta pas la seule grande œuvre de Garnier pour l’art lyrique. La chance ou la malchance voulait qu’en mars 1881, le théâtre municipal consacré au chant à Nice brûla de fonds en comble lors de la représentation de Lucia de Lammermoor faisant deux cents morts. Aussitôt, le maire de l’époque à Nice saisit sa chance pour faire appel au célèbre architecte parisien. Cependant, il ne fait que signer les plans d’un certain François Aune. Sa renommée – et sa main-d’œuvre – se déplaçaient donc vers le Sud. Et Nice peut se vanter depuis 1885 aujourd’hui d’avoir la même ambiance luxueuse en or et de rouge feutrée et un même paradis que le Palais Garnier de la capitale. Avec des fresques de plus et une façade plus sobre, dite « éclectique ». Même si la bâtisse s’appelle encore théâtre et ne devient opéra qu’en 1902. Bertrand Rossi, directeur dynamique de l’opéra niçois depuis 2019, rappelle que les Niçois le lui rendent bien : l’opéra affiche souvent complet. Comme cerise sur le gâteau d’anniversaire, il met en scène presque jour pour jour le même spectacle qu’à l’ouverture de la salle, Aida, avec l’idée d’un dîner en scène de plus. Reste qu’un autre opéra publique , celui de Marseille, célèbre aussi ses cent ans en 2025. Mais, si ce patrimoine est largement mis en scène par l’argent et la main publiques, rappelons que des opéras existaient aussi dans les châteaux privés. Qu’on les appelait souvent « théâtre » n’empêchait pas que des célébrités s’y produisirent pour l’amuser les propriétaires – qui, eux, s’y exerçaient aussi en tant qu’amateur. Que ce soit à Versailles, à l’opéra royal du château, ou en province, au château de Brissac, dont le fabuleux opéra Belle Époque existe encore aujourd’hui. Construite à la fin du XIXème siècle par la mélomane

Chateau de Brissac, l’ opéra © Sébastien Gaudard
marquise de Brissac, née Jeanne Say et issue d’une dynastie du sucre, cet opéra englobe 200 places ! Certes, il ne sert plus comme autrefois à des spectacles pour des raisons de normes de sécurité – les pompiers l’interdisent, mais il souligne l’intérêt des propriétaires de rendre les arts florissant en les soutenant de leur propre poche. Quant aux normes de sécurité, le voyage nous amène, toujours en chantant, à Bayreuth où le Festspielhausconstruit à la demande du compositeur Richard Wagner selon un plan avorté du célèbre Gottfried Semper, mais sans son autorisation, étonne plus d’un. Destiné à rester « provisoire », il perdure jusqu’à aujourd’hui, offrant un look en briques et en bois et des strapontins peu commodes. Comme disait un fan de Wagner : « Si vous avez un malaise en étant assis pile au milieu de la salle, vous risquez de mourir sous des sons pathétiques, jusqu’à ce que le secours accède jusqu’à vous. » Quant au feu, ce même mélomane n’osait même pas y penser. Pourtant il y retourne… Tout comme les « patrimoinophiles » visitent le patrimoine privé, faisant fi des normes d’isolation modernes et de sécurité, normes et cahiers de charges poussés souvent au déraisonnable. D’ailleurs, la fête des opéras continuera en 2026 : c’est au Festspielhausde Bayreuth de fêter ses 150 ans.
© Bettina de Cosnac, éd. et réd. en chef de Monumentum Nostrum
Ein Fest der Oper in Frankreich : vom Norden in den Süden

L’intérieur de l’ Opéra de Nice – avec son directeur en 2025 © B. de Cosnac
Wer eine Karte haben will, muss früh buchen: die Pariser Oper Garnier fasziniert seit genau 150 Jahren. 1861 wurde der Grundstein auf Erlass Napoléons III. gelegt, der in der kleineren Oper Le Peletier einem Attentat knapp entkommen war. Der eher unerfahrene Architekt Charles Garnier gewann die Wettbewerbsausschreibung und erntete bei der Einweihung 1875 viel Kritik für seinen Prunk aus Gold und Plüsch. Was andere nicht hinderte, ihm weitere Aufträge zu verschaffen. Etwa den Bürgermeister Borriglione von Nizza, dessen Kaiserliches Theater bei der Vorstellung von Verdis Lucia de Lammermoor im Februar 1881 abbrannte. Er beauftragte den jungen Berühmten, der jedoch nur seine Unterschrift unter die Pläne eines François Aune setzte. 1885 wurde auch in Nizza ein « opulentes » Musikhaus nach Art Garniers eingeweiht, allerdings mit « eklektischer », schlichterer Fassade. Den Namen « Oper » erhielt das Theater erst 1902. Betrand Rossi, rühriger Direktor seit 2019, inszeniert zum 140. Geburtstag Guiseppe Verdis Aida fast auf den Tag genau als das vorangegangene Theater brannte. Und auch Marseilles Oper besteht 2025 seit 100 Jahren. Während diese Opern mit Staatsgeldern in Szene gesetzt und gefeiert werden, vergisst man, dass auch Opernsäle bzw. Musiktheater in privaten Schlössern existierten. Zum Amüsement ihrer Bewohner, die selber sangen und spielten, sich aber auch berühmte Schauspieler und Sänger ins Schloss holten. Etwa auf Schloss Brissac im Anjou. Die melomane Marquise, geborene Jeanne Say aus gleichnamiger Zuckerindustrie, errichte die Oper Ende des 19. Jh. mit immerhin 200 Plätzen. Auch wenn sie heute aus Brandschutzgründen nicht mehr bespielt werden darf, finden doch vereinzelt Vorträge statt. A propos Brandschutz: ein französischer Wagnerfan staunte fassungslos über Wagners Bayreuther Festspielhaus aus rotem Klinker, viel Holz und unbequemen Klappstühlen. « Wird man ohnmächtig, riskiert man unter pompösen Wagnerklängen zu sterben, bis Erste Hilfe in die Saalmitte vordringt. » An Feuer wagte er nicht zu denken. Dennoch trotzt er jährlich der potentialen Gefahr und geht auf Bayreuther Pilgerreise, wir jene Denkmalliebhaber, die private Denkmalschlösser und – häuser besichtigen, ungeachtet ob extreme Auflagen in Sachen Isolierung und Gefahrenschutz von den privaten Besitzern ausgeführt werden konnten. In Sachen Opernfest geht es auch 2026 weiter: das Festspielhaus Bayreuth sein 150. Bestehen. (© MoNo)