Tribune franco-allemande des Parcs, Jardins et Monuments Historiques – Deutsch-Französisches Park-, Garten- und DenkmalMagazin

L’Abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe en Vienne: une abbaye haute en couleurs ou la « Sixtine romane »

L’Abbaye de St. Savin, en Vienne, vue de l’ensemble © B. de Cosnac

Qui n’aime pas lire doit s’y rendre. Mais il faut avoir le cou solide et des yeux d’aigle pour admirer tant de beauté pittoresque en hauteur et voir les détails.  Appelée – soi-disant – par l’ ancien ministre de la culture André Malraux « la Sixtine de l’époque romane », et inscrite en 1983 au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’ abbaye Saint-Savin-sur-Gartempe, en Vienne, héberge le plus grand  ensemble de peintures murales de l’Europe. Des chef d’œuvres datant du XIè et XII siècles. L’abbaye fût fondée en 800 sous l’impulsion de Charlemagne. L’argent pour payer les peintres vient des protecteurs d’alors, les comtes de Poitou. Un autre protecteur, Prosper Mérimée, inscrit au 19ème siècle Saint-Savin sur la première liste française des monuments historiques à protéger, car la nef gigantesque se fissure. L’Etat donne ainsi de l’argent en priorité pour un site devenue église paroissiale suite à la révolution. La nouvelle fonction n’enlève rien à la majesté de l’édifice. Mais maintenant il faut chauffer. Surtout comme la flèche du clocher, la plus haute de France à

Les célèbres « bandes dessinées » ou fresques de l’Ancien Testament dans la nef de l’abbaye de St Savin © B. de Cosnac

l’époque, fût frappée par trois fois par la foudre et s’effondra sur la nef. Dieu, dit-on, ne laisse pas impunie la folie des grandeurs.

Pour bien voir, les dessins dominés par les couleurs jaunes, rouges, orange et ocre à base de minéraux locaux, il faut faire comme les moines bénédictins à l’époque: s’asseoir sur un banc placé non au milieu de la gigantesque nef mais du côté. Lever la tête, suivre dans la voûte de gauche à droite les images peintes entre deux chapiteaux, sauter à la prochaine ligne comme si on lisait un livre, sauf qu’il faut changer aussi de direction en partant de la droite à la gauche. L’explication de ce rythme interrompu: les peintres avaient dessiné au fur et à mesure que les artisans terminaient les murs. Posée linéairement ces « bandes dessinées » s’étendraient sur 165 m. Pour tout moine la lecture céleste est une méditation. 

Mais un voile fin se pose depuis peu sur quelques peintures ailleurs dans l’abbaye. Un casse-tête pour le directeur Jean-Luc Dorchies. Un autre, comment faire rayonner l’abbaye. Malgré son trésor, elle reste peu connue. Pour garder l’inscription UNESCO, il lui faut autour de 33.000

Chapelle d’Antigny dans la vallée des fresques en Vienne © B. de Cosnac

visiteurs par an. Il n’en est qu’à 25.000. Il lui faut aussi des fonds pour entretenir. Le site est de loin trop

onéreux pour une petite commune. Et comment exploiter la tour du 19ème siècle adossée au prieuré du 17è siècle qui, lui, est collé à l’abbaye? S’y trouve un ascenseur hydraulique en bon état de fonctionnement. Une œuvre de l’ingénieux Félix Leon Edoux. Des groupes de réflexion sur les jardins, le mécénat et la musique s’activent pour souffler une nouvelle vie au site.

Si la visite de l’abbaye se fait mieux avec un guide pour tout décrypter, la visite de ses petites sœurs, comme l’église Sainte Catherine d’Antigny, peut se faire sans. A condition de comprendre les messages des démons, grotesques et autres aimables monstres qui se glissent dans les fresques aux scènes bibliques. Ces dessins al fresco ou a secco sont si nombreux sur seulement 20 kilomètres qu’elles ont donné un nom: la vallée des fresques. Un unique ensemble pictural en Vienne. (En route vers les abbayes, volet 2 …. à suivre)

© Bettina de Cosnac, éd. et réd. en chef de Monumentum Nostrum 

Die Abtei St-Savin-sur-Gartempe: eine « romanische Sixtine » in Frankreich

 

Benediktinerabtei St.-Savin-en Gartempe, UNESCO-Welterbe © B. de Cosnac

Wer nicht gerne liest, sollte zur Abtei Saint-Savin-sur- Gartempe in der Vienne, etwa eineinhalb Zugstunden bzw. 350 km von Paris entfernt, fahren. Eine rund 165 Meter lange Bildstrecke, die grösste Europas, erwartet ihn. Es sind gut erhaltene biblische Zeichnungen aus dem 11. und 12. Jh. in fröhlichen Farben wie Rot, Gelb, Orange und Ocker, gemischt mit grün. Der einzige Nachteil: sie leuchten aus 17 Meter Höhe im gigantischen Schiff der einst aktiven Benediktinerabtei. Um sich den Hals nicht zu sehr zu verrenken, setze man sich wie die Mönche nicht ins Mittelschiff, sondern auf die quergestellten Seitenbänke. Und nehme einen Führer, um die Motive  aus dem Alten Testament zu verstehen. Der Besuch der im Jahre 800 unter Charlemagne gegründeten Abtei ist einzigartig. Durch die Wandmalereien wurde die romanische Abtei 1983 Welterbe der UNESCO. Eine Herausforderung für die kleine Gemeinde Saint-Savin-sur-Gartempe, die sich um den Erhalt, Mäzene und angestrebte 35.000 Besucher  pro Jahr kümmern muss. Direktor Jean-Luc Dorchies hat 2024 Arbeitsgruppen auch für die Gärten gebildet. Ebenso um ein besseres Marketing für den grobschlächtigen, der Abtei angegliederten Turm zu entwickeln, der immerhin einen historischen, gut funktionierenden hydraulischen Fahrstuhl beherbergt.  Die Abtei ist Schmuckstück und Herausforderung zugeich. Viele kleine religiöse Schwestern, Kirchen und Kappellen, der Umgebung, aber auch manche Schlösser wie Boismorand weisen ebenfalls mittelalterliche Zeichnungen al fresco oder a secco in ähnlichen Farben auf. In nur 20 Kilometer Umkreis, dem sogenannten « Tal der Fresken », kommen Bilder-Fans in jedem Fall auf ihre Kosten. (© MoNo)