Dossier Le Nôtre (2)
André Le Nôtre – 400 ans, une biographie et de nouvelles perspectives
André Le Nôtre a son avocat. S’il en avait cherché un de son vivant, il n’aurait pas pu mieux trouver que Patricia Bouchenot-Déchin, juriste, historienne et chercheuse associée au Centre de recherche du château de Versailles et au Laboratoire de l’Ecole de l’Architecture de Versailles. Elle vient de sortir une biographie sur « André Le Nôtre ».
Française, avec des origines allemandes, auteure d’autres biographies, essais et romans, Patricia Bouchenot-Déchin s’est penchée pendant quinze ans sur la vie et le destin de son protagoniste. « Un rêve chéri depuis longtemps », dit-elle, « mais une finition toujours reportée par manque de temps. » La biographie présentée a l’immense mérite d’être l’une des premières sinon la première complète – en dehors d’essais brillants – écrite avec le recul du temps et en restituant le grand puzzle autour de l’homme fait, entre autres, à partir d’actes de mariages, de contrats, de comptes, d’acquisitions ou de locations de terrains et d’associations de sociétés…
L’auteure balaie ainsi des clichés, colportés jusqu’à nos jours avec goût et suffisance, sur le soi-disant « simple » jardinier. Des fausses images que ses contemporains, dont Saint-Simon, jaloux de son succès auprès du roi Louis XIV et à l’étranger, prenaient grand soin de diffuser. Leurs (pré)occupations ne sont, heureusement, plus les nôtres. Comme le démontre Patricia Bouchenot-Déchin, il fallait se poser à nouveau des questions sur ses origines, ses parentés et relations ainsi que sur la constitution de son immense fortune. Comment un homme dit « simple » aurait-il pu léguer une centaine de tableaux, dont un Poussin ainsi que d’autres œuvres d’art de collections au roi, son plus grand employeur ? Plusieurs arbres généalogiques à l’appui, « un travail passionnant mais méticuleux et de longue haleine », la biographe évoque des relations familiales avec des illustres, des protégés des Guise et des Orléans-Longueville, et Le Nôtre, lui-même, parrain d’une fille d’un autre grand homme Jules Hardouin-Mansart. En termes modernes, la dynastie Le Nôtre, possédant plusieurs charges royales auprès du roi, savait aussi faire du « networking » et faire jouer des relations.
André Le Nôtre, aussi polyvalent que tout « honnête homme » de la cour de son époque, élégamment vêtu, travailleur acharné et d’une « intelligence hors du commun », s’entourait aussi d’artistes, dont des peintres comme Poussin et l’italien Bernini, d’orfèvres et d’ébénistes. Il aimait leur compagnie et apprenait d’eux. Quant à l’anecdote comme quoi il aurait embrassé le Pape sur les deux joues lors d’un voyage au Vatican, ce n’était que du vent malveillant. Ecris de manière vivante et agréable, ce livre fête dignement l’anniversaire du jardinier célèbre. Un homme, ne l’oublions pas, qui tenait aussi le poste important de contrôleur général des Bâtiments du Roi, tout en employant nombre de fabuleux praticiens, créant ainsi un bureau de « paysagiste » avant que ce terme – moderne – ne soit né.
On loue ses talents à Vaux-le-Vicomte, Versailles ou Saint-Germain-en-Laye bien qu’il ait aussi travaillé pendant 65 ans sur d’autres chantiers (Navarre, Thouars, Les Roches, Dampierre, Gaillon, Greenwich, Windsor, Het Loo, Berlin). L’auteure souligne d’ailleurs que tous les jardins dit aujourd’hui de Le Nôtre ne sont pas forcément de lui ». Elle dresse la liste des prétendus et prétendants à la fin de l’ouvrage.
Patricia Bouchenot-Déchin a également le mérite d’avoir démontré que sur un sujet sur lequel, jusqu’à peu, même des chercheurs éminents prétendaient qu’il n’y avait « ni correspondance, ni traces écrites », il y avait toujours des possibilités d’en trouver, pour celui qui cherche bien. Cela même dans d’illustres bibliothèques à Paris et en Ile-de-France où des textes révélateurs sur Le Nôtre se sont glissés, inexploités, dans d’autres ouvrages. Il fallait aussi chercher un peu, beaucoup, passionnément… dans des archives privées en France ainsi qu’ à l’étranger comme au Vatican ou à Stockholm. Ce que la biographe a fait. – Livre: Bouchenot-Déchin, Patricia,« André le Nôtre », Fayard 2013
Bettina de Cosnac, journaliste, écrivaine, et rédactrice en chef de Monumentum-Nostrum
André Le Nôtre – zum 400. Geburtstag eine Biografie und neue Perspektiven
Hätte der Legenden umrankte Hofgärtner André le Nôtre einen Anwalt gesucht, so hätte er keinen besseren als in der Juristin und Geschichtswissenschaftlerin und Forscherin an diversen Instituten in Versailles, Patricia Bouchenot-Déchin, finden können.
Die Autorin, Französin mit deutschen Vorfahren, legt nach mehreren Biografien und Essais, nunmehr die erste – wohl komplette – Biografie des berühmtesten Hofgärtners unter Ludwig XIV vor. Eine ihr ans Herz gewachsene Aufgabe, der sie 15 Jahre lang nachging und mit Auswertungen von historischen Rechnungs- und Auftragsbüchern, Gesellschaftsgründungsakten im 17. Jahrhundert, Beobachtungen der Kunstszene und anderer Verflechtungen im höfischen Umfeld aufwartet. Anhand mühsam erstellter Genealogien und Auswertung der Auftragsgeber weist die Autorin nach, dass die Dynastie Le Nôtre, die mehrere königliche Chargen innehatte, ein « Netzwerk » illustrer Kontakte erfolgreich nutzte. Gerüchte über den angeblich « einfachen Gärtner in erdigen Holzpantinen », der den Papst bei einem Besuch im Vatikan nonchalant auf beide Wangen küsste, enttarnt die Autorin als üble Nachrede eifersüchtiger Zeitgenossen.
Le Nôtre war, wie alle, die in die nächste Gunst des Königs bzw. der Könige kamen ein vielseitig gebildeter Mensch, mit guten Manieren, edler Garderobe, und gepaart, bei ihm, dem Bescheidenen, von menschlicher Klugheit. Welch « ungehobelter » Mensch hätte sich eine Kunstsammlung von über hundert Werken, darunter ein Poussin und Bernini, zugelegt und sich so lange in der Gunst mehrerer Könige, anderer Adliger und grossbourgeoiser Auftraggeber gehalten ? Der Verdienst der unterhaltsam geschriebenen Biografie ist nicht zuletzt der Nachweis, dass eifrige, von ihrem Sujet besessene Wissenschaftler letztlich doch noch in Archiven fündig werden können. Auch in jenen, wie der Bibliotheken von Paris und der Ile-de-France, die schon zahlreiche Le Nôtre-Kenner vergeblich durchforsteten, oder in den von der Biografin ausgewerteten Privatarchive sowie im Ausland, im Vatikan und in Stockholm. Suchet, ihr werdet finden… Zum 400. Geburtstag von Le Nôtre ist die Biografie ein schönes Geschenk. (MoNo)
Buch: Bouchenot-Déchin, Patricia,« André le Nôtre », Fayard 2013
400 Jahre Le Nôtre: das Gartenglück für Saint-Germain-en-Laye
Umfassend gefeiert wurde André Le Nôtre nicht nur in seinen international bekannten Gärten von Versailles und Vaux-le-Vicomte, sondern auch in dem weniger besuchten Schlossgarten von Saint-Germain-en-Laye. Was des Königs Gärtner dort zwischen dem alten und dem einstigen, Ende des 18. Jh. abgerissenen Neuen Schloss 1668 bis 1675 gestaltete, ist heute noch in Teilen zu sehen. Eine Besonderheit ist die von ihm kreierte 30 Meter Breite und 2,4 km lange Terrasse. Sie bietet ein 180 Grad Panorama über das grüne Seine-Tal der Yvelines und Hauts-de-Seine. In der Ferne erheben sich heute die Skyline des Pariser Büroviertels La Défense und, bei gutem Wetter, die schlanke Silhouette des Eiffelturms.
Wo jedoch früher in eleganter Geruhsamkeit auf der Terrasse promeniert oder um die geschwungene Broderien Le Nôtres höfisch getanzt wurde, sprinten heute atemlose Jogger entlang. Nur noch sommers finden Konzerte im Musikpavillon statt. Und nur am französischen Nationalfeiertag wird, ganz im Sinne des Sonnenkönigs und seiner Vorliebe für Feuerwerk, von der Terrasse aus ein bunter Raketenregen entzündet.
Im le Nôtre-Jahr allerdings erlebte der Park des bourgeoisen Saint-Germain-en-Laye eine unverhoffte Renaissance : die Stadt überbot sich mit Geburtstagsveranstaltungen, darunter Colloquien, Buchpräsentationen, konzertante Lesungen und Künstlerausstellungen. Erstmals führte Chefgärtner der Domäne Gilles Becquer per Fuss oder Rad durch die Anlage, erläutert die Pflanzungen. Anfang Juni standen Barocktänze im Park auf dem Programm.
In nur acht Monaten – eine Rekordzeit angesichts französischer Verwaltungshierarchien – stellte der neue, französisch-italienische Direktor der staatlichen Domäne, Hilaire Multon, ein ungewöhnlich interessantes Programm zusammen. Saint-Germain-en-Laye nutzte die Chance des Geburtstages des Königgärtners, um mit seinem historischen „Rivalen“ Versailles erfolgreich zu konkurrieren. Über Kosten wollte man allerdings nicht reden. „Wer liebt, der rechnet nicht“, meinte Hilaire Multon. So trotzten die Veranstalter den allseits in Frankreich angekündigten Sparmassnahmen. Angesichts der Veranstaltungsvielfalt und den vielen kostenlosen Veranstaltungen scheint das Geld gut investiert. Im nächsten Jahr lockt die Domäne mit einer umfassenden archäologischen Schliemann-Ausstellung.
Dr. Bettina de Cosnac, Journalistin, Buchautorin, Chefred. Monumentum Nostrum
Les 400 ans de Le Nôtre – une chance saisie par Saint-Germain-en-Laye
On la sentait un peu endormie ! Grâce à l’anniversaire du jardinier „royal“ Le Nôtre et la nomination en 2012 d’un nouveau directeur du Domaine National, le domaine de Saint Germain en Laye se réveillait en 2013 pour défier, avec succès, son rival historique : Versailles et ses jardins. Le franco-italien Hilaire Multon a concocté en un temps record et avec la connivence de la ville un programme très diversifié. En huit mois seulement, il a monté dans les jardins une grande exposition de 27 artistes du monde entier (de l’Allemagne, avec Rainer Gross, à la Chine, avec Lin Yu), créé un colloque, poussé le jardinier en chef du Domaine, Gilles Becquer, à des visites commentées, incité des ateliers de danses historiques dans les broderies du parc et des récits de jardins mis en musique. Jusqu’en automne l’œuvre verte du jardinier, le grand parterre à broderies à trois bassins, le jardin de La Dauphine et la grande terrasse qui s’allonge sur 2,4 km avec un panorama époustouflant sur les boucles de la Seine, était ainsi mise en relief et entourée de fêtes. Quant aux coûts, aucune somme n’a été lâchée lors de la conférence de presse. Suivant l’adage „qui aime ne compte pas“ – même en période d’économies-, il semble cependant que l’argent soit bien investi : de nombreuses manifestations étaient gratuites – au nom du peuple pour la culture et son plaisir. L’année prochaine le domaine se consacrera à l’archéologue allemand Schliemann. (MoNo)
Laisser un commentaire