L‘Abbaye de Royaumont: des notes savantes de musique et de la médecine

La cour de l’Abbaye de Royaumont, cour aux neuf carrés © B. de Cosnac
Une abbaye qui vibre de vie. Edifiée par Louis IX, futur Saint Louis, au 12ème siècle sur une idée de sa mère, l’influente Blanche de Castille, cette abbaye grandiose a fait la joie des cisterciens, aristocrates, industriels et des bourgeois – à l’exception des révolutionnaires français. A l’âme haineuse et aveugles au beau, ils ont détruit l’impressionnante nef de l’église sans pouvoir détruire l’ensemble. Il n’en reste qu’une tour qui, droite comme une flèche, se lance vers le ciel. De loin sa silhouette ressemble à une fusée, plus belle que celles d’un Elon Musk. A chacun son rêve de grandeur. Royaumont impressionne toujours par sa simplicité gigantesque et sa vocation pacifique. Depuis que Henry et et Isabel Goüin, industriels tourangeaux et mélomanes ont fait don de l’abbaye sous forme de Fondation, les chercheurs peuvent profiter d’une bibliothèque musicale unique, les musiciens, compositeurs et danseurs en gerbe d’un lieu de

Le paysagiste Olivier Damée à côté des carrés surélevés © B. de Cosnac
résidence pour créer allègrement et le public d’un lieu de patrimoine unique à 35 km de Paris. Sous son nouveau directeur, François Naulot, clarinettiste formé à Hanovre (R.F.A.) et manager en biens culturels, le traditionnel festival de musique s’étale sur l’année. Trois jardins différents invitent à la détente et à la promenade. Romain Van de Walle est le jardinier en chef. Ils ne sont que deux à s’occuper de six hectares, ce qui fait peu de main-d’œuvre pour un travail conséquent. D’abord le jardin dit « à la française » dans le cloître. Anachronique pour une abbaye, il crée un problème à cause des buis actuellement malades dans ce type de jardin. Le potager aux belles formes fluides et un jeune verger « nourrissent » le restaurant-hôtel de l’abbaye. A côté de ces jardins nourriciers, il faut aussi gérer un jardin médicinal comme le font d’autres abbayes. Les neuf carrés imaginés par le paysagiste Olivier Damée se réfèrent aux plantes décrites par la célèbre Hildegard de Bingen, abbesse outre-Rhin au savoir médicinal et à l’instinct politique remarquables. Pour des raisons de contraintes archéologiques, Olivier Damée a surélevé les carrés pour que nulle plante ne puisse creuser le sol dans ce site classé. Les plantes proposées ont prouvé leur efficacité: contre la toux, les migraines, l’indigestion voir « contre les « idées noires ». Il ne s’agit cependant pas de magie, mais tout simplement de la « dépression ». Bizarrement, en ce chaud mois d’été, ce sont ces plantes-là qui se portent le mieux. Les carrés sont délimités par des branches de châtaignes et d’osiers joliment tressées. Sur une table longue de 17 mètres et d’ un mètre de large, fait d’un seul tronc d’ arbre en provenance de la Guyane française, reposent d’autres pots de plantes. Une manière certes très décorative, mais à l’empreinte écologique discutable. Faut-il faire venir une « table de savoir » de si loin même s’il s’agit d’une gestion de forêt française – dite raisonnable ? En 2004, Hildegard von Bingen inspirait déjà ce jardin médico-utilitaire. Sa pharmacopée ne se démode pas. Le créateur Olivier Damée aime raconter son expérience qu’un simple miel au thym avait guéri une plaie à la jambe là où les médicaments modernes restaient impuissants. Avant d’utiliser une plante, il faut cependant bien la connaître. D’où les panneaux explicatifs posés discrètement dans chaque carré. (En route vers les abbayes (1)… à suivre)
© Bettina de Cosnac, éd. et réd. en chef de Monumentum Nostrum
Royaumont – Abtei der Musik und Medizin vor den Toren von Paris

Romain Van de Walle, jardinier en chef de Royaumont devant la « table du savoir » © B. de Cosnac
Nur 35 km von Paris entfernt liegt die malerische einstige Zisterzienser-Abtei Royaumont. Auf Anregung von Blanche de Castille wurde sie von ihrem Sohn Louis IX errichtet und heissgeliebt. Er ging als « Saint Louis » in die Geschichte ein. Über Jahrhunderte wurde sie gleichsam genutzt und gepflegt – bis auf von den französischen Revolutionären, die 1789 ff. das riesige Kirchenschiff, jedoch nicht die ganz Abtei zerstörten. Vom Schiff selbst und dessen Höhe zeugt ein einsamer spitzer Turm, der wie eine Rakete zum Flug gen Himmel bereit zu sein scheint. Aber ein Elon Musk ist tausende Kilometer entfernt… Klugerweise führten die

Le jardin français dans le cloître © B. de Cosnac
letzten Besitzer, das melomane Industriellenpaar Goüin die Abtei vor 61 Jahren in eine private Stiftung über, und sicherten so deren Existenz. Derzeit vibriert die Abtei unter neuen Impulsen. Unter dem seit Januar 2025 aktiven Direktor François Naulot, der Klarinette und Musik u.a. in Hannover und danach Kulturmanagement studierte, findet das Musikfestival inzwischen ganzjährig statt. Eine Bibliothek mit über 800 Originalpartituren steht Forschern zur Verfügung; ein Sommercampus bietet Einblicke in Werk und Leben jener Musiker und Tänzer, die in Royaumont ein Aufenthaltsstipendium haben. Nebenbei lässt es sich in einem der drei Gärten gut flanieren: im anachronistischen französischen Garten, im Medizinalgarten, in dem 9 Quadrate mit Heilpflanzen nach Hildegard von Bingen gepflanzt wurden oder auch im Obst- und Gemüsegarten, der das Restaurant beliefert. Gehegt werden die insgesamt sechs Hektar von nur zwei Gärtnern. Chefgärtner Romain Van de Walle führte aus, was Landschaftsplaner Olivier Damée an Pflanzen aus Hildegards Naturarzneien haben wollte. Schon einmal, vor genau zehn Jahren berief sich Royaumont auf die Allwissende. Eigentlich, so die Anregung, liegt eine Partnerschaft mit einer (schweizer-)deutschen oder österreichischen Abtei nahe. Direktor François Naulot schien nicht abgeneigt… (© MoNo)