Tribune franco-allemande des Parcs, Jardins et Monuments Historiques – Deutsch-Französisches Park-, Garten- und DenkmalMagazin

Cheverny – un château et six jardins

Avoir six cents ans en 2024, cela se fête. D’autant plus que malgré des périples Cheverny est resté dans la même famille depuis 1624. Et qu’environs 1800 hectares de terres plus 100 hectares autour du monument

Château de Cheverny festif © B. de Cosnac

historique assurent la vie de château et du château même. Le marquis de Vibraye actuel, désigné par son oncle à l’âge de trois ans de devenir son héritier, a repris le domaine au début des années 1980. Depuis, il y a eu la création d’une fabuleuse exposition de Tintin, héros de BD ayant rendu célèbre ce château dit de « Moulinsart » par un vol de bijoux d’une cantatrice (« Ciel! Mes bijoux! ») ainsi que des promenades sur des canaux d’avril en novembre. Sans oublier l’aménagement de six jardins dont un jardin classique à la française et le jardin privé du propriétaire. Le plus récent est celui d’agrumes ou « sucré », car il inclut des kakis et kiwis. Il s’entoure depuis deux ans des cyprès totem, façon toscane

L’entrée du jardin des agrumes entouré de cyprès © B. de Cosnac

en Sologne. Un tantinet surprenant dans une région de bois et de la chasse dont témoigne d’ailleurs la meute du marquis. Mais l’agrément n’était jamais loin des châteaux – proches – de la Loire. Un autre jardin, dit de l’amour, s’étend autour d’un lac. Il se définit par des sculptures noires en pose amoureuse. Deux couples de cygnes noirs bien vivant y sont assortis, s’amusant dans l’eau. Plus loin, on passe dans une impressionnante allée de cèdres, aménagée au début du 19ème siècle pour amener les visiteurs au château. Une entrée royale pour un château de famille qui n’avait jamais vu de roi, mais peut se vanter d’avoir été l’un des premiers en France à montrer

L’allée des cyprès de 800 m, ancienne « entrée » au château © B. de Cosnac

une façade dite classique. « Même si son côté nord plus austère demande encore des aménagements de plantations », explique Sami Bouda, jardinier en chef à Cheverny après y avoir été apprentis, il y a quinze ans. Il est à la tête de six jardiniers travaillant à temps plein à côté de quatre forestiers. Les décisions végétales se prennent en concertation étroite avec les propriétaires. Comme celle de baigner Cheverny au printemps dans une mer de tulipes, façon hollandaise. L’attrait est indéniable.

« Nous comptons jusqu’à 400 000 visiteurs par an, une clientèle surtout régionale. Depuis le Covid, un visiteur étranger a été remplacé par deux visiteurs locaux », analyse le Marquis. En hiver 500000 bulles somnolent déjà sous terre. Elles y sont mises manuellement pour plus de précision. Un travail impressionnant, une affaire rentable. Comme tout le domaine de Cheverny qui peut vivre sans subventions d’État grâce à l’étendue de ces terres qui l’entourent et offrent des revenus. Comme quoi, il faut faire perpétuer aussi des raisonnements anciens, même si la modernité de certains jardins dont celui des coquelicots artificiels s’accorde avec l’air du temps. Quant au partage du travail, le marquis, plein d’humour, trouve le bon mot : « Tout ce qui est visible, c’est ma femme. Le mien reste invisible ». Clin d’œil à la grande panoplie de décorations de Noël, décorations qui paradent jusqu’en janvier 2025 côté cour et jardin. 

© Bettina de Cosnac, éd. et réd. en chef de Monumentum Nostrum

Cheverny – das Schloss der sechs Gärten

Château de Cheverny côté jardin © Bettina de Cosnac

Sechshundert Jahre alt ist das klassische Schloss Cheverny und noch immer, trotz kleiner Umwege, in derselben Familie des Erbauers Henri Hurault. Seit der heutige Marquis de Vibraye in den 80er Jahren dank Adoption die Domäne von seinem Onkel übernahm, ist der Zeitgeist eingezogen. Eine sehenswerte Tintin-Ausstellung wurde kreiert, denn Cheverny ging als Schloss Moulinsart und einem fiktiven Schmuckdiebstahl in die Comic-Geschichte ein. Hinzu kamen sechs neue Gärten, darunter ein französischer Garten, ein Privatgarten, ein paar Weinreben sowie ein schillernder Mohnblumengarten. Aber auch ein « Garten der Liebe » mit schwarzen Skulpturen und passendem schwarzen Schwanenpaar auf dem Schlosssee. Die jüngste Kreation entstand vor zwei Jahren: ein « fruchtsüßer Garten » mit Zitrusfrüchten, Khaki-und Kiwi-Bäumen.  Stilvoll von hunderten Totem-Zypressen eingerahmt bringt er einen Hauch Toskana in die Sologne, die sich eher durch Wälder, dichtes Unterholz und Jagden charakterisiert. Bezeichnend hierfür ist die lebhafte

Aktive Besitzer von Schloss und Domäne Cheverny: Marquis und Marquise de Vibraye © Bettina de Cosnac

Hundemeute des Marquis.  Sechs Gärtner sowie vier Förster kümmern sich hauptberuflich um Garten und Wald in enger Absprache mit dem Besitzer. « Das Sichtbare ist die Arbeit meiner Frau. Meine Arbeit bleibt unsichtbar », scherzt dieser in Anspielung auf die üppige Weihnachtsdekoration, die Schloss und Gärten schmückt. Zu Ostern sind es unzählige Hasenvariationen, die durch 500000 blühende Tulpen hüpfen. Ihre Blumenzwiebeln schlummern bereits unter der winterlichen Erde. An die 1800 Hektar Landbesitz sowie rund hundert Hektar rund um das Schloss erlauben es, den Privatbesitz ohne staatliche Zuschüsse zu unterhalten. Hinzu kommen die Einnahmen von rund 400000 Besuchern jährlich. Seit Covid wurde ein ausländischer Besucher durch zwei regionale ersetzt. Eine beachtliche Leistung konkurriert doch Cheverny mit den berühmten Loire-Schlössern, die sich in Reichweite befinden und mehr staatliche Aufmerksamkeit und damit mehr Werbung kostenlos bekommen. (MoNo)