Tribune franco-allemande des Parcs, Jardins et Monuments Historiques – Deutsch-Französisches Park-, Garten- und DenkmalMagazin

Marcel Proust – Du côté du jardin

Le jardin devant la maison de Tante Leonie à Illiers-Combray © B. de Cosnac

C’est un tome qui reste à écrire autour de la saga Swann & Co. Il pourrait s’intituler « Proust – Du côté du jardin ». Car la nature joue un rôle à la fois palpable et subtil dans les textes du romancier. Il est paysagiste dans ses descriptions, tisse avec ses mots des lianes de phrases, s’empare d’un langage hautement fleuri et joue avec le symbolisme des fleurs. Les chercheurs ont trouvé plus de 500 noms de fleurs évoquées par Proust. La nature humaine proustienne absorbe, subit et reflète son environnement naturel. Quelle sublime idée (littéraire) que de pouvoir se consoler d’un orage lors d’un enterrement. Et d’avoir, comme la duchesse de Guermantes, « des yeux bleu pervenche ». Proust qui a eu sa première attaque d’ asthme à neuf ans en se promenant dans un jardin, aurait en pu sortir dégoûté à jamais. Mais il y retourne, littéralement et littérairement. « Il considère parfois le jardin comme l’envers du paradis terrestre », précise l’experte des manuscrits de Proust et professeure de littérature française dans des universités américaines Elyane Dezon-Jones. Car « le narrateur y apprend la séparation (de sa mère) », y voit les supplices de sa grand-mère, bref apprend « les

Au Pré Catelan d’Illiers-Combray créé par l’oncle paternel de Marcel Proust © B. de Cosnac

travers de la vie ». Proust aime opposer le raffinement de la ville avec ses fleurs sophistiquées, telles des orchidées, à la simplicité de la campagne avec ses coquelicots et myosotis. En tant que fils de médecin, il connaît aussi les bienfaits des plantes médicinales, telles les feuilles de tilleuls que sa tante prend sous forme de thé. Tout un rituel. Son premier jardin fût d’ailleurs celui de ses grand-parents maternel à Auteuil. C’est là qu’il est né. S’y superposent ensuite ceux de sa Tante Elisabeth à Illiers et le Pré Catelan de son oncle dans le même village. Si le premier jardin a disparu avec la destruction de la maison natale en 1897, les deux autres se visitent et

Le feuilles du tilleul pour l’infusion cachent la madeleine © B. de Cosnac

sont très bien entretenus. Sur une modeste surface de 150 m2, deux jardiniers ont replanté le jardin d’origine devant la maison de la « Tante Léonie », photos historiques dans la main. Les iris y jouent un rôle prépondérant, même si dans le roman, l’aubépine prend le dessus par le mystère qu’elle cache derrière sa haie dense et piquante. Dans le Pré Catelan de son oncle, une copie en miniature de la « folie » du Pré Catelan chic à Boulogne, Proust se promenait en villégiature. Dans le roman, il devient le jardin de Swann. Sous un pin parasol, le vrai Proust somnolait quand il ne se languissait pas dans les fauteuils en rotin à la mode dans le jardin de sa tante. N’oublions pas: Même le premier livre de Proust offrait des fleurs et donc un jardin. Il a été illustré à sa demande par Madeleine Lemaire, célèbre aquarelliste de fleurs, notamment de roses. Un joli coup de marketing pour le jeune Proust de 23 ans qui fréquentait son salon parisien et son château. « Les Plaisirs et les Jours », récit  de la C(h)ampagne marnaise, fût cependant éreinté par la critique. Pour son portrait officiel, fait par Jacques-Emile Blanche, le jeune Proust de 21 ans se pare aussi d’une fleur dans la boutonnière – une orchidée blanche. Plus qu’une convention sociale, tout un langage… A déchiffrer.

© Bettina de Cosnac, éd. et réd. en chef de Monumentum Nostrum

In den Gärten von und mit Marcel Proust

Vom Hamam zum heutigen Gartenhaus © B. de Cosnac

Das Buch « In den Gärten von Marcel Proust » muss erst noch geschrieben werden. Dabei spielt die Natur eine mit allen Sinnen spürbare Rolle in seinem Fortsetzungsroman « Auf der Suche nach der verlorenen Zeit ».  Die Sätze winden sich als lange Girlanden über mehrere Seiten.  Die Symbolik der Blumen, die sogenannte « Blumensprache », ist allgegenwärtig um Charaktere zu beschreiben. Die Natur beeinflusst Geist und Stimmung der Figuren. Auch Proust unterliegt ihr.  Mit neun Jahren bekommt er seinen ersten Asthma-

Im Pré Catelan von Illiers-Combray © B. de Cosnac

Anfall im Garten seines Grossvaters mütterlicherseits, in dessen Haus in Auteuil er geboren wurde. Nicht nur deshalb betrachtet der Schriftsteller « den Garten als das Gegenteil eines Paradieses », so die CNRS-Forscherin Elyane Dezon-Jones, Spezialistin sämtlicher Proust-Manuskripte, im Gespräch. « Er symbolisiert auch die Trennung von seiner Mutter. » Wann immer er im Haus der kränkelnden « Tante Léonie » alias Elisabeth Amiot in Illiers weilte, wurde er oft in den Garten geschickt. Oder aber er bereitete Tee aus Lindenblättern für die bettlägerige zu. Die berühmte Madeleine blieb eine alles versüssende Beigabe. Sonntäglich geruhsam verliefen die Spaziergänge im Park seines Onkels, der im selben idyllischen Dorf – damals noch Illiers genannt – eine grüne Miniatur-Kopie der legendären Pariser « Follie » Le Pré Catelan schuf.  Im Buch wurde sie Swann’s Garten.  – Heute präsentiert sich der ca. 150 m2 kleine Garten der « Tante Léonie » wie zu Proust’s Zeiten. Er wurde nach historischem Vorbild – wie das Haus – restauriert. Typisch sind die zahlreichen blauen Iris. Der einstige Hamam des Onkels wandelte sich hingegen zum leeren Gartenhaus mit Korbsesseln – beliebte Möbel der Belle Epoque. – Proust veröffentlichte sein erstes Werk mit Illustration der berühmten Blumen-Aquarellistin Madeleine Lemaire. Es war die beste Werbung für den 23jährigen. Wenngleich das schmale Opus von der Kritik nicht gut aufgenommen wurde,  begann seine Schriftstellerlaufbahn blumengeschmückt. Auch liess er sich in seinem offiziellen Porträt von Jacques-Emile Blanche mit einer Blume, einer weissen Orchidee, im Knopfloch malen. Sie verwelkt ebenso wenig wie sein Fortsetzungsroman oder die Blumen im – fiktiven – Schriftstellergarten. (MoNo)