Les 500 ans de la Réforme en 2017: un jubilé du patrimoine, des idées d’ un moine révolté et de Katharina, femme forte derrière Luther
Pendant des siècles, les forteresses ont bien servi en tant qu’habitat, prison et lieu de défense territoriale ; parfois aussi comme un lieu voué à de bonnes causes tel pour offrir protection à des réfugiés politiques. Et oui, des réfugiés politiques – il y en a eu dans tous les pays et à toutes les époques.
L’un des réfugiés dans une telle forteresse – et non des moindres – fut Martin Luther, moine révolté, lanceur d’alerte des abus de l’Eglise « régnante » à son époque, à savoir l’église du Pape. Au 16ème siècle, ce fût la seule église chrétienne connue et reconnue. Après avoir affiché ses 95 thèses au portail de l’Eglise de Wittenberg, mettant ainsi le Pape et nombre de rois en émeute, c’est à la Wartburg, sur les hauteurs de la pittoresque ville d’ Eisenach en Thuringe, que Martin Luther trouvait refuge en
1521/1522 devant ses persécuteurs. Ceci sous le pseudonyme « Junker Jörg » et sous la protection du Prince Frédéric le Sage. Il s’y enferma dans une pièce minuscule, non pour pleurer son sort, mais pour donner une nouvelle traduction en allemand « populaire » du Nouveau Testament écrit, à l’origine, en hébreu et en grec. Onze semaines lui suffisent pour accomplir cette immense tâche. L’œuvre sera imprimé en 1522 sous le titre « Testament de septembre ». Il sera rectifié et complété plus tard par l’Ancien Testament rédigé par Luther et discuté avec ses amis, dont le theologue Melanchthon, converti lui aussi au protestantisme. Le premier texte imprimé devient d’ailleurs vite un bestseller et aida à unifier la langue allemande. Aujourd’hui la Wartburg, patrimoine mondial de l’UNESCO, héberge outre des fresques splendides du 19ème siècle, quelques souvenirs wagnériens et princiers de la Maison de Saxe-Weimar-Eisenach. Et toujours la petite « cellule » du Junker Jörg. Vous vous imaginez bien que le célèbre réfugié s’y sentait bien loin de l’ambiance romantique qui devait entourer la Wartburg plus tard.
Cependant, le romantisme vient aussi à lui sous forme d’une jeune sœur, Katharina de Bora, issue d’une noblesse appauvrie. Elle avait fui son cloître pour partir à la rencontre de cet homme dont elle s’était procuré la lecture défendue. Toujours l’attrait du fruit défendu! N’empêche que le moine et elle formaient après quelques années un beau couple. Ils eurent beaucoup d’enfants et – quelle chance – une énorme bâtisse: le « cloître noir » mis à leur disposition par le prince régnant. La jeune « Käthe » prit en main la restauration, y créa une d’auberge pour étudiants et voyageurs avides de parler religion avec son célèbre Luther. Käthe gérait tout : le ménage, l’éducation des enfants, les terres et la cuisine – et son homme. Comme elle n’avait pas le droit, en tant que femme, de signer des contrats, elle devait toujours faire appel à son mari. Sans protester, celui-ci signa, sachant que lui, homme politique et intellectuel, n’était fait que pour dépenser tandis que sa chère « Käthchen » pour ramener de quoi vivre.
Face aux hivers rudes, aux menaces permanents de famines et aux revenus chancelants de Luther, elle devait astucieusement gérer les ressources et les repas. Ce que décrit à merveille Regina Röhner dans son livre «Zu Gast bei der Lutherin. Die Kochkunst der Katharina von Bora » (2016). Une biographie bien venue sur cette femme face à la centaine de livres sur son mari, Luther, à l’aube de 2017, année du jubilé des « 500 ans de la réforme ». L’auteure Röhner complète la bio de Katharina par des considérations sur l’art de cuisiner au temps de la réformation. Elle y intègre des recettes du foyer des Luther. Heureusement le 21ème siècle reconnaît sans complexes : nul homme fort sans une forte femme qui tient fermement maison, enfants et mari tout en faisant fructifier le capital. Femmes émancipées, cela vous rappelle quelque chose ?
Côté patrimoine de la réforme, la Deutsche Stiftung Denkmalschutz consacre un livre au « Land de Luther »: Streifzüge durch das Land Luthers. Sachsen, Sachsen-Anhalt und Thüringen. (Monumente-Publikation, 2016). Le livre nous amène à ces endroits où Luther a laissé avec ses amis Lucas Cranach, Melanchthon et bien d’autres, des traces de sa vie et de son oeuvre. Conçu comme un guide de voyage, la publication illustre aussi les différentes approches des signes de la foi protestante. Ceci en Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringue – ces Länder qui seront en très grande fête en 2017. On y découvre la maison de naissance de Luther à Eisleben, sa scolarité à Eisenach où se trouvent d’ailleurs la maison natale de J.S. Bach et les archives allemandes de l’église protestante. Voyagez donc en 2017 sur les principales traces de Luther dans les anciens royaumes et duchés protestants allemands donc en Saxe, Thuringe et Saxe-Anhalt actuels.
Bettina de Cosnac, Chefredakteurin MoNo und Buchautorin
500 Jahre Reformation: 2017 ein Jubiläumsjahr lutherscher Denkmale und Thesen. Ein Gedenken auch an eine starke Frau, Katharina, hinter einem starken Mann
Jahrhundertelang dienten Burgen als Wohnsitz, territoriale Verteidigungsanlage, beliebtes Gefängnis und vereinzelt als Refugium politischer Flüchtlinge. Jene gab es nicht nur heute, sondern zu allen Zeiten in allen Ländern. Einer der bekanntesten politischen Flüchtlinge aller Zeiten war gewiss der vom Papst verfolgte Reformator Martin Luther. 1521/22 fand er auf der Thüringer Wartburg Zuflucht vor seiner Verfolgern. Er stand unter dem Schutz von Friedrich dem Weisen. Unter dem Pseudonym „Junker Jörg“ leistete er in nur elf Wochen im Schoss meterdicker Mauern und hinter verschlossener Eichentür eine Neuübersetzung des Neuen Testaments aus dem Hebräischen und vor allem Griechischen in ein « verständliches » Deutsch. Jene Version, die 1522 in modifizierter Ausgabe als „Septembertestament“ erschien, ein Bestseller wurde und zur Vereinheitlichung der deutschen Sprache beitrug. Später wurde sie um die Übersetzung des Alten Testaments ergänzt. – Die malerische Wartburg ist heute ein dem UNESCO-Kulturerbe zugehöriges Baudenkmal. Sie beherbergt neben sächsisch-kurfüstlichen und wagnerschen Erinnerungen auch jenen Raum, in dem Luther – damals jenseits aller Romantik – Zuflucht fand.
Romantik begegnete ihm jedoch mit Katharina von Bora, einer adligen, ebenfalls flüchtigen Nonne, die sich vehement zu ihm und seinem reformatorischen Glauben bekannte. Sie wirkte getreu dem Sprichwort « hinter jedem starken Mann steht eine starke Frau.“ Käthe war es, die das ihnen als Wohnort zugeteilte heruntergekommene „Schwarze Kloster“ restaurierte, dort eine Herberge für neugierige Studenten und Gäste einrichtete, die Luther treffen wollten. Die Einnahmen aus der Herberge und anderen, von ihr initiierten landwirtschaftlichen Erzeugnissen sicherten den Lebensunterhalt der bald vielköpfigen Familie. Luther war neben der Lehre für die Ausgaben zuständig. Sein „Herr Käthe“, wie er sagte, für die Einnahmen und dafür, dass immer etwas Besseres als Wasser und Brot auf den lutherischen Holztisch kam. Anschaulich und kompakt beschreibt Regina Röhner die Leistung der tüchtigen Käthe in ihrem Buch « Zu Gast bei der Lutherin. Die Kochkunst der Katharina von Bora » (Verlag für die Frau, Herbst 2016). Eine willkommene Frauen-Biografie, da sich 2017 im Jubliäumsjahr „500 Jahre Reformation“ hunderte Bücher fast ausschließlich ihrem bedeutenden Mann, Luther, widmen. Neben Betrachtungen über die Kochkunst im 15./16. Jahrhundert liefert die Autorin auch Rezepte aus der Luther-Küche.
Interessante Wanderungen auf Luther-Spuren bietet ein schönes Buch der Deutschen Stiftung Denkmalschutz: Streifzüge durch das Land Luthers. Sachsen, Sachsen-Anhalt und Thüringen“ (Monumente-Publikation, 2016). Denkmale der Reformation in Sachsen, Sachsen-Anhalt und Thüringen, kurz im „Luther-Land“, werden in Text und Bild unterhaltsam und kenntnisreich vorgestellt. Der „Reiseführer“ mit touristischem Praxisanhang führt u.a. in Luthers Geburtstadt Eisleben, zu seiner Schulzeit nach Eisenach, wo sich noch heute das bedeutendste protestantische Kirchenarchiv befindet. Im Jubiläumsjahr der Reformation empfiehlt Monumentum Nostrum also eine Reise zu den (Kultur-)Denkmalen der Reformation. Noch nie war der Weg dorthin so gut ausgeschildert wie 2017. (MoNo)
Laisser un commentaire