Tribune franco-allemande des Parcs, Jardins et Monuments Historiques – Deutsch-Französisches Park-, Garten- und DenkmalMagazin

« Côté Duchesse » : l’Hôtel de Noailles à Saint-Germain-en-Laye

 Les Noailles – un grand nom et une promesse : de l’art et du mécénat. Au 20ème siècle, une vicomtesse, Marie-Laure de Noailles, avait été avec son mari Charles un grand mécène de la musique; une comtesse, Anna, nous enchante également comme poète; en remontant dans l’histoire jusqu’ au 18ème siècle, des ducs tenaient le haut du pavé à Saint-Germain-en-Laye. Dans cette ville royale, le premier Duc de Noailles, maréchal de France et gouverneur de Saint Germain, fit construire entre 1679 et 1682, un immense hôtel particulier par Jules Hardouin-Mansart, architecte du roi. Celui-ci y développa l’écriture d’une architecture classique aboutissant plus tard dans la construction du Grand Trianon et de la Galerie des Glaces à Versailles. A Saint-Germain, dans les appartements de sa femme, un descendant des Noailles, Louis, duc d’Ayen, fit jouer l’avant-garde musicale de son époque.

Aujourd’hui, une autre femme mécène, Françoise Brissard, nous ouvre le majestueux porche bleu, puis, en haut d’un petit perron, les portes des appartements de la Duchesse. De l’autre côté de la rue, se trouvent ceux du duc. L’immense maison ducale, jadis à l’aspect paladin, fut coupée en deux en 1836 par le développement urbain de la ville. Aussi une rue remplaça-t-elle le salon central et sépara en plusieurs hôtels particuliers l’énorme bâtiment qui ne faisait qu’un à l’origine.

L’ Hôtel de Noailles est classé monument historique. Sont inscrits à l’inventaire la façade sud, les vases sculptés et la toiture. A l’intérieur des appartements privés de la duchesse de Noailles, les fastueuses boiseries du 18ème, sont également classées depuis 1991. Peintes en blanc de roi, elles présentent des cartouches évoquant des instruments de musique à la mode, tels la musette et le tambour. Aujourd’hui, un piano à queue dans le salon évoque les concerts organisés deux à trois fois par an par la maîtresse des lieux. Autrefois, Mozart et même Jean-Chrétien Bach y avaient déjà donné des concerts sur invitation du Duc. « Un tel passé dans un tel endroit  oblige », explique la propriétaire. D’autant plus que ses parents y avaient également organisé des rencontres musicales après avoir acquis ces lieux dans les années quatre-vingt-dix. «Je les ai poussés à acquérir le bel étage. Pourtant, le lieu aux volumes magnifiques était sombre, quelque peu laissé à l’abandon. Le jardin, envahi par la végétation, avait une touche romantique poussée à l’extrême. Et puis, le salon le plus familial, se présentait comme un ovale coincé dans un carré avec un mélange de boiseries au goût du dernier propriétaire.» Ce fût finalement ce salon qui devint vite le lieu intime des propriétaires actuels et le favori des historiens d’art.

«Avec une maison ancienne, il faut être patient. C’est 20% d’amusement et le reste des problèmes techniques. Les réparations qui vous demandent un mois dans une maison moderne sont triplées dans le temps. C’est seulement au bout de quelque temps que j’ai compris par exemple qu’il faut dresser une fois par an un échafaudage dans toutes les pièces pour faire inspecter les plafonds hauts de 5,50m, l’électricité et voir d’autres détails. » Une longue suite de propriétaires avaient entretenu et modifié l’hôtel particulier avant elle : en 1803, le bonnetier Bezuchet ; puis, sous le second Empire, un certain Carel qui redonna son lustre à la partie sud du bâtiment et fit édifier un grand escalier; enfin les Beaufieu qui eurent le mérite de réaliser une restauration de fond en 1902. Passèrent un directeur de Sotheby’s, un bohème suédois ainsi qu’un autre mélomane, Monsieur Guy, qui y aménagea les archives Debussy, aujourd’hui transférées.

C’est donc une tradition mélomane qui se poursuit avec Françoise Brissard, parisienne et ancienne maître de conférence à l’université, amoureuse de sa « villlégiature ». En honneur de ses parents et dans la tradition des « grands amateurs » qui ont fait vivre la maison, elle créa le fonds « Gisèle et Roger Brissard ». Une action culturelle, un bonheur, qu’elle partage par amour, mais aussi pour entretenir ces lieux au passé unique. Pour en savoir plus, le «Côté Duchesse » se découvre par une petite porte discrète…. au fond du jardin.

Bettina de Cosnac, rédactrice en chef  MoNo

L’Hôtel de Noailles, 11, rue d’Alsace, 78100 Saint-Germain-en-Laye, et son beau jardin sont ouverts à la visite… http://coteduchesse.blogspot.com/

 

« Auf Seiten der Herzogin » : das Hôtel Particulier der Noailles in Saint-Germain-en-Laye

SAMSUNG DIGITAL CAMERAEin bedeutender Name und ein Versprechen : zur Herzogsfamilie von Noailles zählen im 20. Jh. Musikmäzene, Charles und Anne-Laure de Noailles; eine Dichterin, Anna sowie im 17./18. Jahrhundert Herzöge, die das Sagen in der Königsstadt Saint-en-Germain-en-Laye hatten. Dort ließen sie 1679 von Jules Hardouin-Mansart, Architekt von Ludwig XIV und späterer Erbauer des Grossen Trianon und des berühmten Spiegelsaals in Versailles, ein prächtiges Hôtel Particulier errichten, in dem Nachfahre Louis als Förderer u. a. der Musikavantgarde seiner Zeit hervortrat. Dies in den Appartements der Herzogin. Johann-Christian Bach weilte hier; sein jüngerer Freund Mozart gab ein Konzert.

Françoise Brissard heutige Eigentümerin der Privatgemächer der Herzogin, setzt das Musik-Mäzenatentum fort. Zwei bis drei Mal pro Jahr organisiert sie Konzerte und Führungen durch den Garten und die Gemächer. „Ein solcher Ort verpflichtet!“. Zumal schon ihre Eltern, Anfang des 21. Jh. Konzerte im grossen Salon organisierten. Sie erwarben in den 90er Jahren das stilvolle Appartement mit den 5,50 m hohen Decken und Wandtäfelungen aus dem 18. Jh., obwohl das Appartement, sich ziemlich « düster » präsentierte. Im 19. Jh. wurde im Zuge der Stadterweiterung Saint-Germain-en-Layes eine Strasse durch den Salon des repräsentativen Prachtbaus gelegt. Er wurde in mehrere Häuser aufgeteilt, so dass die Nummer 10 heute den Flügel des Herzogs und die Nummer 11 jenen der Herzogin beherbergt. In letzterem hatte jeder der vorangegangen Besitzer das 18. Jh. auf seine Art neu interpretiert. Der letzte der Vorangegangen, Guy, setzte schlichtweg einen ovalen Salon in das einstige Viereck. Immerhin legte er ein sehenswertes Debussy-Archiv, das sich heute an anderer Stelle in Saint-Germain-en Laye.

Die Südfassade, zwei Skulpturen-Vasen im Garten, die Dächer sowie die Wandtäfelungen von 1756 im Salon sind denkmalgeschützt. Die Cartouchen der in königsweiß gestrichenen und mit goldenen Rocaillen verzierten Täfelungen zeigen Musikinstrumente. Stets fallen neue Reperaturen an. Erst nach Jahren erkannte Françoise Brissard, dass man am besten einmal pro Jahr ein mobiles Gerüst in den Räumen errichtet, um Decken und Elektrizität sorgfältig zu inspizieren. „Historische Gemäuer sind 20% Vergnügen, der Rest sind technische Probleme“, meint sie lakonisch. Aber noch immer bereitet der „Sommersitz“ der früheren Pariser Universitätsdozentin viel Freude, zumal sie hier mit ihrer Stiftung „Gisèle et Roger Brissard“ Musiktalente fördern und gleichzeitig mit Führungen durch Gemächer und Garten die Unterhaltskosten bezahlen kann. Durch eine kleine graue Gartentür am Ende des Gartens beginnt der Besuch… (MoNo)

Sur un petit air de musique… Mozart en concert chez le Duc de Noailles

9NoaillesCartoucheLe 19 août 1778, Mozart franchit le seuil de l’Hôtel de Noailles a Saint Germain : il y fait un séjour d’une quinzaine de jours, qui s’avère, pour ce jeune homme de 22 ans, une pause bienfaisante après les vicissitudes et les douleurs de son séjour parisien. C’est une lettre envoyée à son père Leopold en date du 27 août qui nous renseigne sur l’origine de l’invitation : il y retrouve en effet Jean-Chrétien Bach avec lequel il avait noué des relations amicales lors de son séjour londonien et le chanteur Tenducci, une star de l’époque !

Pendant ce temps, Leopold s’agit et s’inquiète. Il adresse à son fils missive sur missive, le couvrant de conseils et lui annonçant son rapatriement, qui sera effectif en septembre. A Saint-Germain-en-Laye, Mozart ne lui répond qu’une courte lettre ; dans la suivante, datée du 11 septembre et envoyée de Paris, la tonalité a changé : il suggère qu’il pourrait rester à Paris, et qu’il “ne faut rien bousculer”. Le bon air de Saint Germain lui aurait-il permis de respirer plus à son aise ?

Il est certain que la compagnie de Jean-Chrétien Bach, ainsi que celle des musiciens du duc de Noailles, qui entretient un orchestre “d’Allemands qui jouent très bien”, comme l’écrit Mozart, a pu être stimulante. Tous ces musiciens, bénéficiant de l’hospitalité et des moyens mis à leur disposition par Louis de Noailles, ont dû en profiter pour converser de leurs projets et de leur manière d’envisager l’exercice du métier de compositeur . Jean-Chrétien Bach, par exemple, a mis sur pied, à Londres, une forme de concerts moderne qui l’amène à travailler avec Tenducci à Saint Germain, puisqu’ils préparent ensemble les concerts de la prochaine saison. Surtout, tous ces doués font de la musique ensemble, confrontant leur style et leur talent.

On sait que Mozart a composé lors de ce séjour une scène pour Tenducci (K315b), hélas considérée comme perdue. Selon un article de C.B. Oldman dans Musics and Letters 1, son style aurait épousé le parti-pris d’élégance et de sensualité qui réussissait si bien au musicien de Londres.

Nous pensons que c’est également pendant son séjour à l’Hôtel de Noailles que Mozart a composé, ou au moins improvisé, les Variations pour piano sur le thème “Lison dormait” (K264). Le thème est issu de la « comédie mêlée d’ariettes » Julie de Nicolas Dezède, déjà présentée en 1772 et qui venait d’être reprise. La première ayant eu lieu le 20 août 1778, il est probable que Mozart a assisté à une répétition quelques jours auparavant, improvisant sur le thème dans la foulée pour parvenir, en quelques jours, à une composition fixée, dont on est sûr de la datation (été 1778). Ces variations, dont on trouve un manuscrit de copiste à la Bibliothèque Mozart de Salzburg, allient brio et grande qualité musicale2.

Françoise Brissard, ancien Maître de conférence à l’Université et membre des “Amis du Vieux Saint Germain”, Société d’Art et de d’Histoire

 

W.A. Mozart – ein Ständchen mit Variationen beim Herzog von Noailles

August 1778 : Mozart weilt zwei Wochen lang als Gast des Herzogs Ludwig v. Noailles in Saint-Germain-en-Laye. Die Einladung, so geht aus einem Schreiben an seinen Vater Leopold vom 27 ; August hervor, wurde ihm von seinem älteren, wohlgesonnenen Musikerfreund Johann-Christian Bach vermittelt. Der Aufenthalt ist für den 22jährigen eine wohltuende Erholungspause nach den Pariser Anstrengungen und den strapazierenden Londoner Konzerten. Zugleich erlaubt ihm, der Aufenthalt sich von seinem gestrengen Vater Leopold zu emanzipieren. Mozart, Bach und andere deutsche Musikern, die, der Herzog als kleines Orchester unterhält, da sie „sehr gut spielen“, tauschen sich über ihre Arbeit und Kompositionen aus, erproben neue Stile, lassen ihre Talente aufeinander stoßen. Und denken an die Auftritte der nächsten Saison.

Während dieser Zeit in Saint Germain komponiert Mozart eine Szene für Tenducci (K 315b), die vermutlich der Nachwelt für immer verloren gegangen ist. Gleichzeitig, so wird vermutet, komponierte oder improvisierte zumindest Variationen über das Thema „Lison schlief“ (K 264) aus Julie von Nicolas Dezède, einer „Komödie mit Arietten“, die in Paris zum zweiten Male gespielt wird. Vermutlich wohnte Mozart einer der voran gegangenen Proben zur Premiere am 20. August 1778 bei. Jedenfalls hinterlässt er in Noailles eine auf Sommer 1778 datierte Komposition, dessen handgeschriebene Kopie sich in der Mozart-Bibliothek in Salzburg befindet. Ein brillantes Stückchen von großer musikalischer Qualität. ( MoNo)

 

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