Victor Hugo et les ruines comme source d’inspiration: Neckarsteinach en Hesse
Le Rhin’’, publié en 1842, est le récit romancé de voyages de Victor Hugo et de sa maîtresse Juliette Drouet en Belgique, en Allemagne et en Suisse, de 1839 à 1840. D’Aix-la-Chapelle à Fribourg, l’itinéraire hugolien emprunte largement aux burgs (Burgen) allemands et aux légendes attachées à leurs tragiques décombres. L’engouement romantique pour les rives rhénanes bat alors son plein, surtout entre Mayence et Coblence. Hugo s’y sacrifie doublement, par l’écriture certes, mais aussi par de ténébreux lavis ou dessins à l’encre, à la manière sans égale.
A partir de Mannheim, le narrateur-dessinateur s’égare le long du Neckar, jusqu’à la petite ville hessoise de Neckarsteinach. Là, dans une ample boucle de la rivière, quatre « Burgen » se serrent sur une étroite crête : le Vorderburg et le Mittelburg, proches de la ville, l’Hinterburg et le Schadeck (ou Schwalbennest), ruines qui surplombent le ‘’bras d’acier’’ du cours d’eau.
Hugo dramatise à l’envi : ‘’Quatre vieux châteaux sur quatre bosses de rocher comme quatre vautours qui se regardent ; …entre ces quatre châteaux, une pauvre vieille ville… observe depuis six cents ans l’attitude formidable des châteaux[1]’’.
Cependant, son attrait n’est pas feint : ‘’Les deux autres donjons, qui sont complétement ruinés, dévastés ou déserts, m’ont surtout intéressé et fait revenir plusieurs fois. L’un s’appelait au douzième siècle et s’appelle encore aujourd’hui Schwalbennest, ce qui veut dire le nid d’hirondelle. Il est en effet posé en saillie et maçonné, comme par une hirondelle gigantesque, sur une colline de rocher, dans la voussure d’un énorme mont de grès rouge[2].’’
Hugo donne du relief au lieu, à travers son seigneur , Bligger Landschad le Fléau, chevalier-brigand mort subitement, seul et excommunié, dans la cour du burg. A travers le cadrage ad hoc d’une embrasure de l’Hinterburg, il prend soin de crayonner le Schadeck, notant au folio 49 de son carnet : ‘’11 octobre (1840) Neckarsteinach – Dans la Tour ronde’’. Plusieurs dessins suivront, sublimés par les années et la distance, sur le thème du ‘’Burg sans nom’’ de Neckarsteinach.
La tour ronde de l’Hinterburg et son arcade ont depuis été rasées. Cependant, l’amateur attentif peut en reconnaître l’emplacement précis, griffé de ronces, mais offrant toujours la même contre-plongée sur le Schadeck… et la certitude de s’asseoir un instant aux côtés du poète.
Mais qui se souvient de ces dessins inspirés par des monuments historiques ? Au Petit Palais, le croquis du Schadeck et nombre d’autres dessins, aux éclairages crus et aux lointains fuligineux, reçurent les honneurs de l’exposition ‘’Soleil d’encre’’[3] en 1985, un siècle après la mort de l’écrivain. Il fallait rendre justice au ‘’Rhin’’, ouvrage au charme pourtant évident, mais qui n’a pas toujours attiré la lumière.
En véritable visionnaire, Hugo conclut son œuvre en prônant des Etats-Unis d’Europe, campés sur deux piliers, l’un français, l’autre allemand. Les ruines y étaient, certes, pour peu. L’amour du poète pour ces pays pour beaucoup.
Antoine de Lavaulx, Amateur de monuments et de dessins
[1] ‘’Oeuvres complètes de Victor Hugo, Le Rhin’’, T II, éd. Hetzel-Quantin, Paris, 1885, p123. L’étape de Neckarsteinach est un ajout de l’édition de 1845.
[2] ‘’Oeuvres complètes de Victor Hugo, Le Rhin’’, T II,… p 124.
[3] ‘’Carnets 1836-1840, recueil factice…, BN, MS, n.a.f., fol 49, mine de plomb’’, in catalogue ‘’Soleil d’Encre, manuscrits et desssins de Victor Hugo’’, Bibliothèque Nationale et Ville de Paris, musée du Petit Palais, 1985-1986, réf. N°104, p 93.
Victor Hugo: Denkmale und Ruinen als Inspirationsquelle
Unter dem Einfluss der Rheinromantik, die im 19. Jahrhundert Schriftsteller und Maler zu zahlreichen Werken inspirierten, schrieb auch der Franzose Victor Hugo ein dichterisches Epos « Der Rhein ». Er verarbeitet darin seine Reisen 1839/1840 nach Deutschland, Belgien und in die Schweiz. Mit seiner Geliebten Juliette Drouet „verirrte“ er sich jedoch auch an den Neckar, wo er gleichfalls auf inspirierende Denkmale stieß: die vier verlassenen Burgen im hessischen Neckarsteinach, darunter das so genannte „Schwalbennest“. Mehrere braune- und schwarze Tuschzeichnungen und Bleistiftskizzen fertigte er von dieser Ruine, der Schadeck, stets von demselben Standpunkt aus an. Ebenso hielt er die Vorder- und Mittelburg fest und ließ in einer Erzählung die Legende des ausgestorbenen Geschlechts durch seinen Helden Bligger Landschad auferstehen. Dutzende kraftvoller Zeichnungen entstanden, die jedoch erst 100 Jahre nach dem Tod des Dichters, 1985, erstmals in einer Ausstellung gezeigt wurden. Visionär war der Dichter, da er schon damals von den „Vereinigten Staaten Europas“ sprach. Hugos Zeichnungen trugen dazu gewiss nichts bei. Aber die Liebe des Po
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