Tribune franco-allemande des Parcs, Jardins et Monuments Historiques – Deutsch-Französisches Park-, Garten- und DenkmalMagazin

Acquigny ou un château de l’amour raffiné – tout simplement

 Le château d’Acquigny, jolie demeure Renaissance a été édifié dans l’ancien lit de l’Eure, après que son affluent l’Iton a été détourné en amont au profit des activités humaines, vidant la rivière d’une partie de son flux. Le site répond aux canons de l’époque qui recherche la combinaison de trois critères : le climat, doux et ensoleillé dans cette vallée resserrée, à l’abri des pluies et des vents qui balaient les plateaux ; la proximité des carrières de pierres de Vernon, très prisées ; et la présence de l’eau. Une simple demeure d’agrément est bâtie sur pilotis. Elle tenait compte du passé aqueux du terrain et devant le tracé des anciennes douves, qui entouraient un premier édifice guerrier, une bâtisse fortifiée construite sous Guillaume le Conquérant.

Le domaine échoit à Anne de Laval, descendante de l’illustre famille Montmorency, et à son époux Louis de Silly. Cet heureux couple, à l’époque où l’on célèbre l’amour courtois, va construire cet édifice dédié aux sentiments amoureux. Les plans du « château de l’amour » reprennent le tracé de leurs initiales, et on peut repérer deux « L » correspondant aux ailes du château, et le « A » dont la pointe saille à la jonction des deux ailes sur la façade sud, le trait qui unit les jambes de la lettre étant représenté par la loggia aujourd’hui vitrée. Des médaillons reprenant l’anagramme de leurs initiales entrelacées, ornent la façade nord. Cette même façade porte un nombre conséquent de symboles représentant diverses facettes de l’amour : feuilles d’acanthe, de laurier, de vigne ou de chêne, pour exprimer la passion, la réconciliation, l’amitié  ou encore la solidité…

Au cours du temps, le parc à la Française a été remplacé par un jardin romantique et agrémenté d’un cours d’eau, l’Iton, dévié en amont, qui alimente bassins et cascades. Avant de surgir dans le parc, l’Iton a été détourné pour ceindre les murs d’un extraordinaire potager que le propriétaire actuel reconstitue progressivement sur le modèle de l’époque. Les murs de brique rouge réfléchissent la chaleur, et l’eau de l’Iton tempère le climat du lieu, créant des conditions exceptionnelles, propices au développement des plantes.

Des parterres de fleurs exubérantes, mais aussi des fruits et légumes du monde entier, côtoient un jardin médicinal qui recèle des trésors inestimables. Il détient les secrets d’une pharmacopée complète. Le promeneur évolue dans des allées, dûment étiquetées et renseignées, au milieu des herbes et plantes dédiées aux soins de tous les maux, problèmes de peau, appareil respiratoire ou reproducteur… La toux ou l’eczéma y trouvent remèdes aussi bien que la stérilité et l’impuissance ! Château d’amour oblige !

Des palissades de poiriers tapissent la brique rouge de leurs ramifications en plus de vingt branches. Et sur les murs extérieurs, le long du ruisselet d’eau claire, s’accrochent  mûriers et framboisiers dont la saveur achève l’embrasement des sens.  Tout à Acquigny se résume à une attente prometteuse.

Bénédicte de la Villegeorges,  géographe, passionée de monuments historiques et jardins 

 

 

 

 

 

Acquigny – oder schlicht ein Schloss raffinierter Liebe

 

Das wunderhübsche Renaissance-Schloss Acquigny wurde im früheren Flussbett der Eure errichtet. Dieses war durch die menschlichen Wirtschaftsaktivitäten am oberen Zufluss Iton ausgetrocknet worden. Die Lage entsprach den damaligen drei vorherrschenden Kriterien: es herrschte ein mildes, sonniges Klima in diesem engen, von Wind und Regen geschütztem Tal; es lag nahe der begehrten Vernon-Steinbrüche und es gab Wasser. Als erstes wurde auf Pfählen ein Landsitz errichtet, wobei die Trockenlegung des einstigen Wassergrundstücks sowie der Wassergräben einer früheren Feste von Wilhelm der Eroberer berücksichtigt wurde.

Die Domäne geriet in die Hände von Anne de Naval, eine Nachfahre der illustren Montmorency und ihrem Gatten Louis de Tilly. In einer Zeit höfischer Liebe gestaltete das außergewöhnliche Liebespaar das heutige Schloss zum Ausdruck ihres Begehrens. Die Pläne folgen den Linien ihrer Initialen, will heißen zwei „L“, die sich am Ende der Südfassade zu einem „A“ vereinen. Der tragende Strich des „A“ wurde mit der heute verglasten Loggia architektonisch symbolisiert. An der Nordseite finden sich Medaillons mit den Anagrammen der Liebenden. Weitere architektonische Verzierungen wie etwa Acanthus-, Wein-, Eichenblätter sind verschlüsselte Anspielungen auf diverse Ausdrucksformen von Liebe, darunter Leidenschaft, Aussöhnung, Freundschaft, Solidität.   Im Laufe der Zeit wich der einst französische Garteneinem romantischen Landschaftspark, mit Wasserbecken und Kaskaden, gespeist aus dem hierfür umgeleiteten Iton. Bevor er in den Park mündet, umschließt dieser einen spektakulären historischen Gemüsegarten. Vom derzeitigen Besitzer wird er nach Originalplänen hergerichtet. Das Gemüse wächst und gedeiht hier schneller als anderswo dank der Wärme speichernden Klinkermauer und dem reichlich vorhandenen Wasser.

Üppige Blumenparterre, aber auch Obst und Gemüse aus aller Welt liegen neben dem mittelalterlichen, an Kräuterschätzen reichen Apothekergarten. Die Alleen sind gepflegt und die angepflanzten Kräuter – für jede Art von Krankheiten – sorgsam beschriftet. Für Haut-, Atmungs- oder Fortpflanzungsprobleme,  für Husten, Ekzeme, Sterilität oder gar Impotenz hält der Garten Heilpflanzen bereit. Ein Liebesschloss verpflichtet!

Im Garten, entlang der Klinkermauer, stehen Birnbäume Spalier. Während an der Außenmauer sinnbetörende wilde Brombeer- und Himbeersträucher wuchern. Alles scheint in Acquigny verheißungsvolle Erwartung. (MoNo)

 


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