Tribune franco-allemande des Parcs, Jardins et Monuments Historiques – Deutsch-Französisches Park-, Garten- und DenkmalMagazin

Condé-en-Brie:  Un château de Princes illustres et de peintres princiers

 

 Un peu en retrait de la route, non loin de Château-Thierry, à Condé en Brie, se trouve une surprenante demeure. Son éblouissante blancheur, due aux pierres du soissonnais, contraste avec la verdure des prairies et vignobles autours. A l’intérieur, le château de Condé offre tout le charme raffiné d’un château renaissance. Point d’orgue, il a été décoré majestueusement au XVIIIème siècle par un grand maître italien, Servandoni.

Lors de la visite faite par Aymeri  Pasté de Rochefort, propriétaire et meilleur ambassadeur de la bâtisse,  la réminiscence d’une bastide provençale aux belles tomettes effleure l’esprit du visiteur. Une sobriété élégante des murs, interrompue par  quelques décors fastes, digne d’une demeure royale. Après les Montmirail, les Coucy, les Luxembourg, les Bourbons-Vendôme, les  illustres Princes de Condé  y ont installé leur fief d’origine, leur « Land, » sur l’initiative de Louis de Bourbon (1530-1569), prince protestant. Par alliance, le château appartiendra par la suite à des familles des plus belles cours d’Europe dont les Savoie, pour finir au XVIIIème siècle dans les mains du Marquis de La Faye.

Situé sur la route de champagne, le château de Condé reste méconnu. Pourtant, il  peut se vanter d’avoir le seul salon en France où rien que six grandes toiles originales du peintre animalier royal, Jean-Baptiste Oudry, décorent les murs. Le peintre attitré de Louis XV y avait même peint l’encadrement de ses toiles sur les boiseries.

Autre point d’orgue : Watteau avait choisit son atelier à Condé, peignant entre autre le « colporteur » dans une pièce ornée d’autres œuvres issues de son atelier. « Nous avons découvert un véritable trésor  », sourit Aymeri de Rochefort. « Derrière la glace d’un trumeau se cachait un autre tableau du XVIIème siècle. »  Lors de la restauration d’un petit Oudry, le stratagème permettant d’ôter le miroir fût découvert accidentellement. L’inestimable trésor se montrait ainsi au grand  jour : un petit W, la signature du célèbre Watteau, se cachait dans le soulier d’un gentilhomme. La peinture illustre un conte – libertin !- de La Fontaine. L’écrivain était d’ailleurs venu à Condé, invité  par la fulgurante Olympe Mancini, nièce de Mazarin. Elle aimait, comme on nous le précise, « les poudres d’amour et de succession ». Des euphémismes pour une ravissante empoisonneuse dont le mari, gouverneur de Champagne et de Brie, grand maître de France et propriétaire de Condé mourut subitement …  Probablement empoisonné.

Sous les deux Marquis de La Faye, grands mécènes au XVIIIème siècle, Condé devient un lieu de rendez-vous des artistes. Par chance, la révolution épargna le domaine. Mais les deux guerres du XXème siècle y laissèrent leurs traces.

Les propriétaires actuels, les Rochefort, ont acheté Condé aux Sade en 1983. Le père, craignant les successions de fusions et acquisitions menaçant son poste et  « détestant rester inactif », voulait vivre sa première passion d’archéologue et son amour pour les vieilles pierres. En cherchant un tel lieu situé au maximum à cent kilomètres de Paris, il découvrit le château en vente.  «Un coup de foudre et quelques négociations fermes auprès de ma mère nous plongèrent dans l’aventure » explique son fils Aymeri. Accessoirement, on découvrit qu’un ancêtre y avait logé au XVIème siècle.

Malheureusement le père mourut en 1993 avant d’avoir fini son œuvre de restauration. Mais les enfants, pris par l’enthousiasme décidèrent de le garder en accord avec leur mère qui consenti à de grands sacrifices en raison, entre autres, des droits de succession qu’elle prit à sa charge.  Avant de se consacrer en majorité à l’ouverture et la restauration de Condé, Aymeri de Rochefort travaillait à plein temps dans le monde de l’entreprise. « J’ai appliqué ici les méthodes de travail que j’avais appris en travaillant dans le privé » explique-t-il. « La réactivité, la rigueur et le sens de l’accueil. Le client est le visiteur. C’est lui que nous devons satisfaire afin qu’il revienne. » Cette approche, beaucoup de propriétaires en France devraient l’adopter, le sens de l’accueil et du service n’étant toujours pas un trait très français.

Condé en Brie, classé Demeure Historique, a d’infinis atouts. Outre un magnifique escalier d’honneur en pierre, il se pare d’un époustouflant salon de musique italianisant. Servandoni, metteur en scène des somptueux spectacles « son et lumière » sous Louis XIV, y créa les décors, s’inspirant de Versailles et du palais  Farnese à Rome. En cours de restauration par des architectes et peintres agréés, tels ceux du château de Versailles, il reste encore pour 150.000 € de travaux à faire pour terminer la restauration du décor de cette salle. C’est de taille ! Le propriétaire espère trouver des mécènes. Une levée de fonds à l’aide d’un crowdfunding serait souhaitable. Une association des amis du château vient d’être réactivée afin de consacrer du temps à remplir cet objectif. Toute aide sera donc bienvenue.

Ayant fait connaissance de cet homme jovial, ouvert, souriant et sérieux à la fois, quiconque propose son aide à lui ou à l ‘association, ne peut en sortir que gagnant !

Situé en Champagne picarde, le château de Condé vaut vraiment un petit détour pour quiconque se trouvant en route vers l’Allemagne. Quant aux Parisiens, c’est une destination qui vaut le voyage le temps d’un week-end à une bonne heure de trajet en voiture de Paris.

 

Dr. Bettina de Cosnac, Journaliste-Ecrivaine, Réd. en chef Monumentum Nostrum

 

Schloss Condé-en-Brie: von Fürsten und fürstlichen Malern

 

Chateau de CondéPicardie 042

Copyright: B. de Cosnac

Hell leuchtet das architektonische Schmuckstück vor dem Hintergrund kleiner Weinhänge und sattgrüner Wiesen. Im Inneren erwarten den Besucher Renaissance und provenzalische Reminiszenzen. Der junge, joviale Besitzer Aymeri  Pasté de Rochefort zeigt mit Begeisterung die einmaligen und seltenen Schmuckstücke des Schlosses: ein heiterer Musiksalon, mit Fresken des begabten Italieners Servandoni, der sich auch in Versailles verewigen durfte; ein einmaliger Oudry-Salon, in dem der höfische Tierporträtist Jean-Baptiste Oudry nicht weniger als sechs Gemälde direkt auf die Wände hinwarf und persönlich mit einem gemalten Rahmen umrahmte; ein Zimmer mit Gemälden der Schüler Watteaus sowie einem Werk  des Meisters. Jenes versteckt sich hinter einem Salonspiegel, dessen Schiebemechanismus zufällig bei der Restaurierung eines kleinen Oudry-Gemäldes von den Rocheforts entdeckt wurde. Das Gemälde illustriert eine eher lustvoll freizügige Fabel des Dichters La Fontaine. Jener kam wie viele Künstler als Gast der feurigen Olympia Mancini, Nichte des Kardinals Mazarin nach Condé. „Die gute Olympia“, schmunzelt Aymeri de Rochefort „schätzte das ‚Pulver der Liebe und des Erbes“. Ihr Mann, Schlossbesitzer und Gouverneur der Champagne und von Brie, musste daran glauben: er starb unerwartet, vermutlich vergiftet!

Seinen dekorativen Reichtum verdankt die kleine Herrschaft Condé-en-Brie seinen illustren Besitzern: die Familien derer von Montmirail, Coucy, das Haus Luxemburg, das Geschlecht der Bourbonen-Vendôme lösten einander ab. Der Protestant Louis de Bourbon (1530-1569) erhob Schloss und Ländereien nach  „theutschem“ Vorbild zum „Fürstentum“ der Condés. Kurz, die Verwandtschaft illustrer, europäischer Königshäuser ließ sich auf Condé nieder bis schließlich die Familie des Marquis de La Faye im 18. Jh. das Schloss erwarb, den von der Revolution verschonten Besitz an die Familie der Sade weitergab und jene es Anfang der 80er Jahren an die Eltern der heutigen Besitzer verkaufte. Jene verstanden es, ihre Leidenschaft den Kindern zu vermitteln. Aymeri de Rochefort arbeitete in der Wirtschaft bevor er sich heute fast ausschließlich und sehr professionnell dem Erhalt und der Restaurierung der Domäne widmet. Diese Professionalität, die Schnelligkeit, Zuverlässigkeit und Zufriedenheit des Besuchers impliziert, kurz einen Dienst am Kunden, ist noch eher  selten bei französischen Schlossbesitzern anzutreffen, obwohl die meisten um das Überleben ihres Besitzes kämpfen.

Und während wir durch die Enfilade heller, hoher Räume lustwandeln, berichtet der junge Graf von Rochefort eher sorgenvoll von den 180.000,-€, die die Restaurierung des Musiksalons erfordert. Ein Crowdfunding per Internet würde hier helfen oder kleine Spenden an den Freundesverein des Schlosses.

Ein Abstecher nach Condé-en-Brie ist übrigens leicht: Das Schloss liegt für die Deutschen auf dem Weg nach Belgien oder Paris fährt man über die Picardie. Und für die Pariser sind es nur eineinhalb Autostunden Richtung Nordosten. (MoNo)

  

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