Tribune franco-allemande des Parcs, Jardins et Monuments Historiques – Deutsch-Französisches Park-, Garten- und DenkmalMagazin

Dossier : Les Monuments Historiques – entre Histoire et Littérature (2)

A l’occasion de la célébration des 100 ans de la Première Guerre Mondiale, Monumentum Nostrum se doit d’en parler comme tous les journaux et magazines, comme tous les confrères, mais pas comme eux. Aussi allons-nous relater en deux volets, des histoires de monuments historiques de cette période, histoires restées familiales ou histoires récemment publiées et insolites. Voici la suite: un château haut en couleur, riche en histoire(s) dont une inauguration hautement politique. 

 

 

Le Haut-Koenigsbourg 1908 : pour une tour ronde ou carrée. Débat pseudo-scientifique comme trouble-fête franco-allemand

 

 

HK1-couvRVBPrenons les ingrédients suivants pour faire notre article. D’abord, le Haut-Koenigsburg : l’un des monuments historiques en Alsace, le plus visité par les Français. Puis les acteurs : un cercle d’une quinzaine de scientifiques, de guides du châteaux et d’acteurs au sein du Conseil Général du Bas-Rhin. Enfin, leur idée datant de 2007: créer « Les Cahiers du Haut-Koenigsbourg » dont le numéro 1 vient de sortir sous la plume de Bernadette Schnitzler, archéologue et conservateur aux musées de Strasbourg.

Le titre du volume 1 : « 13 mai 1908. Une inauguration mouvementée. » Une inauguration pour un château des Hohenstaufen qui date de 1147? Notre curiosité est éveillée, d’autant plus que cette inauguration semble annoncer une nouvelle guerre franco-allemande.

C’est l’Alsace-Lorraine, annexée depuis 1871 en partie à l’Empire germanique, qui offre le château comme cadeau au « Kaiser und König » Wilhelm II et organise les festivités d’inauguration.

Le 13 mai sa Majesté, le Kaiser, se rend sur invitation formelle avec épouse, fistons et cortège dans les Vosges pour recevoir la clé de la bâtisse des mains du « Hohkönigsburgverein ». Une cérémonie à 700 m d’altitude qui ne méritait pas la pluie battante sous laquelle elle se déroule, tant les organisateurs se sont démenés pendant des mois pour activer la population et  le corps diplomatique en vue d’ une grande fête du Moyen-âge sans inimités. Cette cérémonie ne méritait pas, non plus, selon la rédactrice du cahier, Bernadette Schnitzler, des troubles-fêtes, dont une presse française, qui a sa grande surprise, se montre « particulièrement perfide et superficielle dans son rapport de l’événement et des Allemands».  Elle n’en revient toujours pas de l’animosité et du manque d’objectivité qu’elle a pu découvrir dans les documents d’archives. Autre trouble-fête particulièrement retors, l’influent éditeur local, Paul Heitz qui oeuvre pour la France et devient, sans scrupules, faussaire de gravures représentants le château. Pourquoi ? Pour démontrer la soi-disant incompétence  du restaurateur en chef allemand en charge du château qui restaure une tour carrée au lieu d’une tour ronde comme le prétend Paul Heitz ses fausses gravures à la main. Pourquoi, d’ailleurs, les Allemands restaurent ce château et pas les Alsaciens ? La réponse reflète une situation qui semble perdurer jusqu’à nos jours: ni les locaux, ni la France  n’ont l’argent pour entretenir et restaurer de tels monuments historiques. Aussi la ville de Sélestat offre-t-elle « généreusement » cette majestueuse bâtisse au Kaiser, les énormes frais de restaurations et d’entretiens inclus… Bref, un petit cadeau solidement empoisonné.

Le nouveau châtelain accepte cependant et se montre particulièrement délicat le jour de l’inauguration pour en faire une vraie fête entre des Hommes au lieu des Nations. Mais, s’étonne Bernadette Schnitzler en exploitant la presse, les journalistes français de Paris (particulièrement le Figaro) veulent « juste voir ce qu’ils veulent voir et restent très caricaturals quant à l’événement et les Allemands » et certains journaux allemands en font un écho aussi satirique. Seule la presse alsacienne relate avec respect et minutie l’événement. D’où, dit Bernadette Schnitzler, la richesse des anciennes archives privées en grande partie inexploitée de l’archéologue Frotter, personnage clé dans l’organisation de la fête.

Pendant deux ans, l’auteure Bernadette Schnitzler a pris sur son temps privé pour écrire et se documenter. Ceci en collaboration avec Jean Favière, directeur honoraire des Musées de Strasbourg. « Un effort supplémentaire, certes, mais cela me passionnait », souligne-t-elle gaiement. « L’idée des cahiers est très intéressante. Et le travail iconographique pour le n°1 particulièrement riche et réussi. »

Beaucoup d’anciennes photos en noirs et blancs, mais, au grand regret, de la chercheuse, aussi une énigme qui reste : un film du Welt-Kinematograph GmbH, particulièrement précieux comme témoignage, est porté disparu. L’avis de recherche est lancé.

Ainsi les porteurs de ce projet font-ils plaisir à et à nous. Le prochain cahier, d’une série de sept ou huit, sortira dans un an de même format. Toujours une soixantaine de pages, une riche iconographie d’archives non exploitées, visant le grand public.

 

Bettina de Cosnac (PhD), Rédactrice en chef Monumentum Nostrum

 

« 13 mai 1908 : une inauguration mouvementée ». Bernadette Schnitzler avec en coll. Jean Favière. « Les Cahiers du Haut-Koenigsbourg ». Vol. 1. Le Verger Editeur. 24€

.

 

 

Dossier : Denkmäler zwischen Literatur und Geschichte (2)

Wie andere Zeitungen, Zeitschriften und  Journalistenkollegen, wird auch Monumentum Nostrum an den Ersten Weltkrieg erinnern.  Aber anders als die anderen, beschränken wir uns auf jenen Krieg, der sich in historischen Gebäuden abspielte. Solche Geschichten wurden von den Familien bewahrt oder fanden Eingang in die Literatur. Die Fortsetzung unserer Serie bildet die beeindruckende « Hohkönigsburg », deren Einweihung 1908, besser gesagt erneute Einweihung nach Besitzerwechsel, zu einem deutsch-französischen Politikum wurde. 

Aufruhr im Reichsland 1908: die Restaurierung und Einweihung der Hohkönigsburg.

Ein politisch umstrittenes Geschenk für Seine Majestät…

 

 

HAutKoenigsburg15Es ist der Verdienst des Heftes Nr. 1 der im Frühjahr 2014 erschienenen Reihe „Les Cahiers du Haut-Koenigsbourg“, historisch Neues über die elsässische Hohkönigsburg zu publizieren. „Die von den Franzosen am meisten besuchte Burg, birgt noch viele Geheimnisse“,  weiß Autorin Bernadette Schnitzler zu berichten. Hauptberuflich arbeitet die Archäologin in den Straßburger Museen. In ihrer Freizeit – und „mit viel Freude“ – schrieb sie das 84seitige Büchlein im Heftformat mit reicher Bild- und Fotodokumentation.

« Eigenthum Seiner Majestät des Kaisers und Königs Wilhelm II. » Der Text in gothischer Schrift prangt unter einer Farbzeichnung der Hohkönigburg auf einem Einweihungsplakat von 1908. An jenem 13. Mai übergab Staatssekretär des Inneren von Bethmann-Holweg offiziell dem neuen Schlosshernn die Schlüssel der monumentalen Burg, in der einst die Staufen, Habsburger und Hohenzollern herrschten. Es war ein regenduchschauerter Tag, der nicht nur das mühevoll vom „Alterthumsverein“ auf die Wege gebrachte Festprogramm mit seinen hunderten Laienschauspielern nebst Kaiser und Kortege im Regen stehen ließ, sondern die betrüblichen Umstände des pompös angekündigten Besitzerwechsels widerspiegelte. Vorausgegangen war 1870 deutsch-französischen Krieg sowie die Annektierung von Elsass-Lothringen als Reichsland, eine Region, die wie viele französischen Regionen heute, über keine Mittel zur Restaurierung des monumentalen Denkmals verfügte. Und eben die Idee, dasselbe Monument deshalb „netterweise“ dem Kaiser zu schenken, da er (noch) über das nötige Kleingeld in der Kaiserschatulle verfügte. Die Idee passte nicht jedem, schon gar nicht französischen Patrioten wie der Straßburger Verleger Paul Heitz, der –  flink und link – Gravuren fälschte, um die deutschen Restaurierungsmethoden als „inkompetent“ darzustellen. Es ging um eckige und runde Türme. Dass er scheiterte, beweist eine andere Postkarte jener Zeit: « Hohkönigsburg im Elsas (sic). Durch Seine Majestät Kaiser Wilhelm den 2ten wiedererrichtet als ragend Wahrzeichen großer Vergangenheit der Reichslande ».  Aber, präzisiert Bernadette Schnitzler im Interview, der Streit nahm germanophobe Dimensionen an, die sie überraschte. So berichtete die französische Presse über die Einweihung, « extrem oberflächlich », hielt sich „in erschreckender Weise“ an Äußerlichkeiten des Kaisers, der Gesandten und Klischees über die Deutschen fest. Auch einige deutsche Zeitungen spöttelten. Nur die elsässischen Journalisten berichteten genau und ausführlich. Die in dem Privatarchiv des damaligen Althumsvereins-Präsidenten Frotter aufbewahren Lokalpresseausschnitte sind wesentliche Quelle des Bands 1. Für die folgenden 7, 8 geplanten Hefte  werden weitere Archive erstmals ausgewertet. Die Themen stehen schon fest, denn das Projekt begeistert seit 2008 viele: Regionalrat, Wissenschaftlerkreis und Schlossführer. (Red. MoNo)

 

« 13 mai 1908 : une inauguration mouvementée ». Bernadette Schnitzler avec en coll. Jean Favière. « Les Cahiers du Haut-Koenigsbourg ». Vol. 1. Le Verger Editeur. 24€

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *