Tribune franco-allemande des Parcs, Jardins et Monuments Historiques – Deutsch-Französisches Park-, Garten- und DenkmalMagazin

« Robert des Ruines » – formateur d’un certain goût romantique aristo

 

 

Gabriel Wick©B. de Cosnac

Gabriel Wick©B. de Cosnac

Gabriel Wick n’en revient pas : paysagiste de formation, cet Américain fort sympathique, modeste et instruit, historien diplômé de l’Université de Londres – Queen Mary, de l’université de Californie à Berkeley en paysagisme et de l’Ecole d’Architecture de Versailles, a pu monter une exposition sur un peintre, Hubert Robert (1733 – 1808), en France.

Et pas n’importe quelle exposition, mais la première consacrée à ce portraitiste des paysages et sa « fabrique des jardins », sa manière unique de « fabriquer » les jardins de l’aristocratie et de les influencer. Avec des prêts de dessins d’archives privées, dessins jamais montrés. Fabriques de Jardins ? Ô chose combien étrange pour un goût classique français. Mais

Parc de Méréville; coll. dép. de l'Essonne

Parc de Méréville; coll. dép. de l’Essonne

Hubert Robert, peintre passionné, n’en a cure. Avec sa tête de bon vivant, cet ami de la belle Elisabeth Vigée Le Brun qui fit de lui d’ailleurs un beau portrait, se met en marche vers l’Italie pour se former les pinceaux. Il en revient contaminé par le virus des Italiens pour leur passé en ruine, à savoir les monuments de l’Antiquité. Il les peint avec ardeur et poésie dans les paysages, allant même jusqu’à inventer des fausses ruines. Comble de l’audace, le Louvre se voit ainsi « ruiné » par cet archéologue de l’esprit. Les Français trouvant ce goût fort étrange, le surnommèrent vite «Robert des Ruines ».

Néanmoins Hubert Robert réussit à se trouver des mécènes tels le Duc de Rohan-Chabot et l’archevêque de La Rochefoucauld. Celui-ci lui commanda plusieurs grandes huiles d’ archevêchés, de Rouen, Caen et Evry, tableaux dans lesquels l’habile peintre glissa, on s’en doute, quelques ruines, réelles ou imaginées. D’ailleurs, il y glissa aussi son portrait – à la manière des peintres hollandais. Bien visible dans plusieurs tableaux de l’exposition.

 La tour du Guy, sanguine du Vicomte de Rohan
La tour du Guy, sanguine du Vicomte de Rohan

Robert resta fidèle aux familles de ses mécènes. Il devient le professeur de dessin du Vicomte de Rohan et de la duchesse de La Rochefoucauld. Afin que cette élève ne rende pas de trop mauvais copies, il lui permit de calquer son dessin sur le sien à l’aide d’un papier – calque. Cette copie ducale – une sanguine ou exécutée au crayon noir – devient ainsi un original de la Duchesse, original exposé pour la première fois dans le cadre de cette exposition à La Roche-Guyon. Il en est de même pour plusieurs autres dessins des élèves aristocratiques du peintre. Son enseignement eut un effet secondaire: à force de dessiner et d’observer des ruines chères à Hubert ou de transformer, comme lui, les châteaux existants en ruines imag(in)ées, comme à Méréville ou à la Roche-Guyon, l’aristocratie française commença à les aimer et à en mettre dans leurs jardins. A tel point, qu’elle s’est mise même à rêver de les habiter. Hubert Robert, qui était pourtant ni architecte, ni paysagiste, jouait un rôle de conseiller auprès d’eux. Il était impliqué dans les chantiers royaux, comme à Versailles et Rambouillet. Ruines, tombeaux, chaumières ou cottages, Hubert Robert imprimait ainsi sa marque de fabrique et formait un certain goût poétique aristo.

Toute cette belle histoire est retracée par l’exposition au château de la Roche-Guyon, lui-même construit en tirant partie d’ un donjon en ruine. Mais c’est une autre histoire. Elle sera évoquée dans un prochain numéro de MoNo. Le commissaire Gabriel Wick et Sarah Catala ont édité un excellent catalogue au format inhabituel et richement illustré. «Hubert Robert et la fabrique des jardins » à voir jusqu’au 26 novembre au Château La Roche-Guyon, Val d’Oise. Le 18. novembre un colloque sur Robert y aura lieu, colloque organisé, entre autres, par le commissaire. L’entrée et la participation sont libres.

© Bettina de Cosnac, Hg. und Chefredakteurin, Monumentum Nostrum

 

« Ruinen-Robert » – der Maler, der den Geschmack der französischen Aristokratie romantisierte

Gabriel Wick, diplomierter amerikanischer Landschaftsgestalter, promovierter Historiker in London und Masterabsolvent der renommierten Gartenschule von

La Roche-Guyon ©B.de Cosnac 

Versailles kann es kaum glauben. Er wurde Kurator einer Ausstellung des französischen Landschaftsmalers Hubert Robert (1733 – 1808) auf Schloss La Roche-Gouyon. Hubert Robert erlebt seit 2006 eine Renaissance in Frankreich und den USA.

Bekannt als Maler, der in seine Landschaften echte und imaginäre Ruinen setzte, befremdete er zunächst seine hochherrschaftlich und klassizistisch geformten Landsleute. Seine aus Italien mitgebrachte Liebe für Ruinen brachte ihm den Spitznamen „Ruinen-Robert“ ein. Selbst das Königsschloss Louvre „ruinierte“ er im Bild.

Zu seinen Mäzenen und Malschülern zählte die illustre Aristokratie Frankreichs. Etwa die Herzogsfamilien La Rochefoucauld und Rohan-Chabot. Damit seine Schüler- und Schülerinnen keine allzu schlechten Kopien abgaben, erlaubte er ihnen, seine gemalten Ruinen abzupausen und anschliessend nach ihrem Gusto auszumalen oder zu schaffrieren. Diese und andere Rötel- und Bleistift Zeichnungen seiner Eleven aus Privatarchiven werden erstmals hier gezeigt.

Der lebenslustige Maler, den seine berühmte Malerfreundin Elisabeth Vigée Le Brun porträtierte, setzte sich in seinen Bildern auch gerne selbst in Szene. Durch sein Wirken romantisierte er frühzeitig den französischen aristokratischen Geschmack: Ruinen wurden errichtet und zu begehrten kleinen Rückzugsorten innerhalb der Parks und Gärten. Robert begünstigte auch andere „Fabriken“, etwa Mausoleen, Cottages und Türme. Die Ausstellung « Hubert Robert et la fabrique des jardins » läuft bis zum 26. November auf Schloss La Roche-Guyon, Val d’Oise. Am 18. November organisiert Kurator Gabriel Wick dort ebenfalls ein Robert-Colloquium. Teilnahme und Eintritt frei. (© MoNo)

 

 

 

 

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